« Les jours où tu ne voyais qu’une seule trace de pas
sur le sable, ces jours d’épreuves et de souffrances,
c’était parce que c’est moi qui te portais. »
Ademar de Barros
Pour Charlotte Hoogveld, ma sœur.
As-tu honte de moi père
As-tu honte de moi mère
Suis-je encore à vos yeux
Cette petite chose brûlante et désordonnée ce chaos
Qu’il fallait mettre de côté
Que va-t-on faire des poètes
De tous ceux qui n’ont pas d’immunité
Perdu le sens du réseau de l’air humé près des roseaux
Égaré
Ce fil qui les rendait visiblement étincelants
Qui dès lors les rend amers mordants avariés et méchants décimés de forces
Après le tsunami en série sorti de l’écran
Maintenant que le langage est ouvert
À toutes les possibilités de quolibets
Je ne sais plus qui de moi est coupable ou bourreau
Peut-être ai-je saboté moi-même le bateau
Par désaffection pour l’abîme du quotidien
Il y avait pourtant le bonheur de se sentir quelqu’un
En réunion de parler en vain
Je suis désormais plus près de l’absence que de la reconnaissance dans mon reflux ignoré par reflet
sans miroir à portée de visage
à la prétention d’un profil sans psychotropes
Comment ai-je consenti à disparaître alors que je ne souhaitais que la rencontre
Le poète donne du beau en prenant des coups auxquels il ne sait répondre
comble de la honte de toutes les hontes rassemblées
Synthèse
Ce mépris pour ceux qui de rien créent tout
Connaissez-vous le poids d’une feuille blanche dans un univers sans magnétisme ni horloge sereine
Celui qui a le sens du temps n’est pas celui qui en use
Je n’ai rien à faire de vos statistiques ou algorithmes de sondeurs ou joueurs d’orgue de barbarie vous ne valez que vos numéros soudés à vos reliquats
De vos pronostics de ménagerie
Vous vous êtes trompés sur toutes les lignes même les expertises infimes
La raison de l’histoire vous a donné tort experts en épicerie fine
La frette du violoncelle a même perdu peu à peu son rythme
mon état d’arrestation poétique m’a déjà mis sous écrou ou hors de nuire par mon sang coagulé avec lequel j’écris de ma troisième cellule
Aucun poète n’écrit à la première personne
Mais à la première personne qui bat dans son cœur
Le poète est celui qui ne croit qu’à la possibilité d’une rencontre jusqu’à toutes les fins du monde
Aucun poète n’a jamais écrit je en majuscule
En temps de chienlit c’est à eux de provoquer le déclic
Qui provoque le sourire
Ce rictus indivisible inaliénable plus fort intense et destiné à tous
Y a-t-il quelqu’un dans cette salle d’attente où le temps passé se transforme en parole ?
Ce temps passé à attendre un défenseur des droits de l’homme qui ne vient jamais ailleurs que dans les décorations sur le col tailleur
Et que les victimes peuvent admirer de loin sans le toucher
Je suis chevalier de mes propres lettres que j’envoie à toutes les amours dont je n’ai pas compris la chute
Ne suis-je pas trop moi-seul même sans ce signal de bienséance pour être aidé des yeux des autres
J’attends depuis trop longtemps au vu de mon CV la pratique qui saura dire qu’il ne faut pas avoir peur
Le médecin aux insignes experts en publications spéculatives qui ne font de la faim un jour par an à mémoriser à remémorer
Je n’ai plus qu’à ouvrir un commerce de province acidulé
Et puis attendre que ça tombe du ciel
Ce bleu fraternel et irréel
J’ai été trop tôt affecté d’un lourd secret
J’en ai trop vu voyant comme Rimbaud lui qui disait je pour les autres parlait aussi en son nom
Et pas au nom du père
N’ayez pas peur
Y a-t-il quelqu’un qui a la peur au ventre dans le public ?
Dans cette fosse aux lions
Y a-t-il quelqu’un qui soit faible ? Phobique ?
N’ayez pas peur
N’ayez pas honte
La peur est votre pieuvre
Je suis celui qui part du rien de la feuille blanche pour vous donner du sens pour vous dire merci pour les intimes
Le bouc se devait d’être émissaire pour que le contrat soit validé
Sous le secret de la famille
Scellé
Un tampon préfectoral d’une cour d’assises dès 14 ans
Un dernier signe illuminé par un roi absent.
©Guillaume HOOGVELD #2019 pour le texte
©Guillaume HOOGVELD #1997 pour la photographie
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.