Journal – Fiction
Août 2004
Nappes de synthés analogiques
Nymphes de beautés aquatiques
Ici je suis tout seul. Pas de coke. La coke agit sur la dopamine, oui je sais ( X 1800 ).
Je ne veux plus parler de drogue. La drogue t’enchaîne comme le langage, t’asservit en kit. Tu te retrouve en Playmobil dans la ville tellement t’es tendu et speed.
Il faut s’exposer tout en se protégeant. C’est le périlleux exercice de la vie.
Je te donne tout ce que j’ai du rien que je n’ai pas.
La fille qui se retourne, me regarde, mais qui regarde en fait un autre homme là dans la rue. Et moi qui y croyais bec & ongles.
Je me donne peu de temps avant de terminer les choses courantes. Je sais je ne sais pas et alors je doute c’est certain. Il pleut fait avéré par l’état de mes vêtements, ma chemise qui ressemble à un drapeau de pirates. Ou de corsaire, les corsaires c’est mieux. Ethique.
J’ai rencontré Guillaume Dustan dans les pages de génie divin et Nicolas Pages. Je me dis que j’aimerais bien le rencontrer physiquement.
Laissez-moi un peu de temps je leur crie, je le crie aux poissonniers aux bouchers en tout genre (ils se reconnaîtront), aux équarrisseurs aux arrivistes qui font crisser leur caoutchouc sur l’asphalte.
Je le crie aux boulangers, aux stylistes qui défigurent les robes. Dis-moi j’écris pourquoi ? Parce que j’en ai assez d’attendre. Ecrire permet de liquider la durée. La salope.
Tout ce que je peux dire c’est que j’ai été un enfant très seul. J’avais frère. J’ai eu sœur. Mais ça n’a pas suffit j’étais l’enfant seul désormais je me débats de ce départ habité par l’absence.
Arche de Strasbourg saint Denis le 4 avril 2004. Je rencontre Nasser qui me remet l’éternité entre ses mains. Je lui dis merci, je l’embrasse, je lui dis au revoir sans savoir que c’est un adieu, que je ne le reverrai pas. Je reprends la route Bd poissonnière, Bd Haussmann 17 ème j’arrive chez moi, comblé.
Je me fais un fix.
18 heures. Dans deux heures les 18 ans de ma sœur. Il faut que je sois parfait à défaut d’être brillant. Champagne et C, c’est trop tentant.
Je travaille jour après jour sous benzos.
I mean
Benzodiazépines
Tranxène ou autres lexomils.
Qu-est-ce que je peux faire d’autre ?
Il passait il passait jamais les mains vides toujours un p’tit cadeau. Il s’appelait Nasser.
Il est interrompu le 7 mai 2004.
Depuis je me surprends à prier, à hurler son nom, à chialer, j’aimais l’embrasser, il était coquet, bonne eau de toilette sur lui-même si je ne suis pas sûr qu’il se lavait tous les jours.
L’os sature. Déflagrations dans les gratte-ciel, l’ossature qui craque tout cela à le même visage que le 11 IX. Les frères siamois vont être séparés, puis désintégrés. Si une tour était resté cela n’aurait eu aucun sens, il fallait aller jusqu’au bout. Toute séparation est mutilante. J’ai connu ça aussi.
Disparaître, c’est tuant pour les autres. Elle est où la machine à retourner en arrière ? Pour sauver tous ceux qui y sont passés. Pour réinventer la vie, après l’amour. Pour réinventer la nuit, après le soleil et pour réinventer l’œil après le visible et l’invisible.
J’ai toujours été stupéfait face aux pouvoirs des stupéfiants.
Toute littérature est bonne à prendre.
Et vous, vous en êtes-vous avec vos chefs d’œuvre ?
Il saigne tu as du sang sur ta robe blanche de mariage, cela ne te met pas spécialement à ton avantage. Il t’a dit « non », c’est ce que je pensais, cela devait se produire, c’est vrai que ce n’est pas fin de sa part, le jour de ton mariage, te dire « non » cela mange du pain.
Etre en vie c’est une capacité d’émotion, Être mort, c’est quoi être mort. Il n’y a pas de belles morts. Je hais toutes les morts.
Cette impression d’avoir vécu aux assises du monde, et qu’on m’a retiré de là, violemment, par un hold-up. Depuis je fume des cigarettes, atterré. Les pieds dans le plomb.
J’aimerais que quelqu’un me prenne le bras et me dise, viens, c’est bientôt fini. Le cirque est terminé. La farce s’est achevé.
La vie à été jouée avec un dé biaisé, c’est ça dès le début ça a commencé bancale.
Et là, j’commence à rire comme un animal blessé
J’ai du sang sur les mains les mains empêtrées dans ma tête.
Le monde n’est pas quatre murs, il faut forcer les gonds de son imagination chaque jour nous naissons enfermés, chaque jour la poésie nous donne des ailes pour nous tenir debout.
Obturation liquéfaction stupéfaction et bien sûr domination. ETC les tangeants ont toujours été coupable d’ablutions sauvages et indignes.
Je regarde ma montre. Elle fuit. Que faire ? Le temps s’écoule à perte, c’est fâcheux. Time is no money for me.
A partir d’aujourd’hui, je décide de ne faire que des choses inutiles dans ma vie tels que jouer au fou, renifler des escargots, singer la psychose infantile, me goder avec des tubes de UHU Stic et de vitamine C.
Je suis urbain c’est à dire sale, affreux méchant parfois, je sens la térébenthine sur moi, c’est pas ce qu’il y a de plus charmant c’est un peu comme sentir la merde, ça créé de l’espace, les gens s’écartent royalement à ton passage, ça c’est pas mal.
Rue de l’odéon, tout à l’heure, une fille passa en m’esquissant un sourire. Une très jolie fille, j’en suis sûr. J’aurai aimé lui demander son prénom, son numéro. Je l’ai pas fait. Son numéro ça me suffisait, je l’aurais glissé sous mon oreiller et le lendemain matin, je l’aurais appelé. On serait revu dans un petit café pour boire un petit café, je l’aurais dragué, mais elle aurait eu un mec, qu’elle peinait à quitter. C’est toujours comme ça.
Hier je verrais que toutes les prairies s’accompliraient, que tous les océans culminerait avec une profusion gargantuesque de dopamine dans le tronc cérébral, cela serait une transhumance des cellules vertueuses vers les cellules en fin de vie dans une formidable route vers la joie j’en palpite déjà !
Ce qui est arrivé n’est rien face à ce qui a été pensé d’arriver et n’est rien face à ce qui va arriver.
La herse, trop cruelle.
Effroi, peur d’être, de vivre, de consommer, de me consumer dans le vide de la spéculation mondiale financière.
La drogue ne fait que déplacer l’angoisse_elle peut même en faire accoucher une nouvelle forme, plus acérée, mutante.
Sans creux, la vague n’existe pas.
Sans dysphorie, la joie n’a pas raison d’être
Epiphénomène de la trace
Esthétique de la trace
J’ai toujours voulu en finir avec tout, avec quoi ce soit.
La calotte de mon esprit se décille. Pourtour sec.
Je n’ai jamais rien fait d’autre que m’abandonner. Ma création n’est qu’à la hauteur de mon anomalie.
Je porte les fruits du doute, de la honte et de la sentence.
Truand réveil.
L’effroi soudain : suis-je un tricheur ? Ai-je triché toute ma vie ? Avec la disparition de Dieu et des enfers, est ce qu’on paye pour ça ? Une amende ? Quoi alors ? Il faut me répondre.
Je suis démoralisé. Tout va mal. Tête à queue sur le périphérique, la caisse suce suce mais rien n’y fait la caisse n’avance que dalle, j’en suis sûr elle est en manque d’affection, elle dégage une sueur délétère oléagineuse et moi je ne suis pas mécano ni même n’ai les moyens de me payer un mécano de qualité.
Je m’affale puis je glisse, je m’écroule je rapetisse avec un air total désabusé je tombe à terre de la cendre sur mes muqueuses je me roule dans les excréments ménagers les moutons sont légions.
Comment supporter la journée. Je me lève toujours trop tôt à mon goût. Qu’est-ce que je peux faire à part écrire je ne sais rien faire d’autre on ne m’a rien appris je suis un enfant sauvage un ami m’a dit de raconter l’histoire de mon labyrinthe je crois que je vais m’y employer n’est-ce pas déjà commencé ? Je suis tricard.
Je ne veux plus sortir de chez moi.
Rien ne m’intéresse à part moi ( c’est faux.
Je vais me faire un auto-portait numérique ( ça y est c’est fait )
Mais que dire mais que faire
Mais comment ça tient en l’air (les avions)
J’ai un des deux hémisphères
Qui est total délétère.
Vous ne voyez pas que vous passez à coté de tout ?
Je me verrais bien gourou et fils.
Après gourou, je me ferai angelot satiné et je paraderai en string devant le Vatican.
J’vais casser au pied de biche toutes les sécurités de la vie pour me retrouver nu, sans enfants, sans logement, dans le froid. (pas dans le froid, aux Marquises plutôt)
:
Je suis apparu. J’ai envie de disparaître. L’exposition a assez duré. J’ai eu froid chaud faim envie consommé usé failli suffit à …ETC Je suis stoppé net par une ligne de démarcation qui m’interpelle et me dit c’est ton tour. De quoi ? (j’avais mal entendu) de sauter, pardi !
En fait, j’ai trop peur. Je ne suis qu’au cinquième étage. J’entends déjà le craquement des os et le plan qui foire, me retrouvant ceinturé de broches et d’appareils à torture pour redresser mon corps calleux. Rien ne remplace un revolver de petit calibre orienté dans le creux de la bouche.
J’ai envie de dire des « je t’aime. » Trop longtemps seul.
Je saigne. Je saigne. Je saigne le matin, le soir je saigne la nuit sur les boulevards, je saigne quand la copine que je n’ai pas saigne avec moi. Ah oui, il m’arrive aussi de saigner pour la collecte de sang mais attention ça va chauffer car je suis DEPRESSED POSITIVE, c’est à dire que mon sang est saturé de psychotropes censés élever mon humeur et réduire ma folie puisqu’ils se nomment « anti-psychotiques . Bien sur, ils sont payés par la sécurité sociale.
Ce matin j’ai essayé, j’ai fait comme, je dis donc : j’ai essayé de me dire, à moi-même des je t’aime, mais tout est partie en éclat la vitre mes larmes mon sang à cause de la vitre, rien n’allait, ou tout allait nulle part à votre guise je ne supporte plus les à-cotés de la vie, toutes ces choses intenables comme nouer ses lacets me font saigner, c’est sûr.
Ah, j’arrivais pas et encore ces à-cotés qui me démontent comme si j’étais fait en mécano kit, donc je ne parvenais pas à mettre l’essentiel à sa place.
Toute ma vie tourne, je me mets au présent, dans des détails inodores mais pas inoffensifs puisqu’ils me font perdre un temps ahurissant si à jamais mon temps était
précieux.
Il est 17.32 à ma montre je me couche vers 23 H. Peut-être arriverais-je à finir ma journée dans de correctes dispositions. Aujourd’hui j’ai fumé 56 cigarettes de luxe. Je suis un plus mort qu’hier mais un peu plus vivant que demain. J’ai un peu moins d’argent dans ma bourse aussi. Et je suis moins fertile. De toute façon je n’ai pas encore décidé si j’aurai un enfant. S’il me ressemble, je ne saurais qu’en faire.
Je suis resté toute la sainte journée à vous écrire. A vous lecteurs, je me décarcasse pour vous donner de l’émotion. Les petits soins, le fignolage c’est presque de la merde par rapport à l’intensité, l’urgence et la gravité d’un texte.
N’oubliez pas que je mourrais avant vous et que peut-être qu’ensuite je serais sorti d’un anonymat qui m’étouffe.
En fait non je mourrais après vous, c’est tout vu. Rien que pour vous faire c…..
Je suis abattu je suis l’homme à (a)battre j’attends Nasser Nasser ne viendra pas j’aimerai qu’il me donne l’onction de ses propres mains aux poignets écorchés par toutes ces tentatives de suicide qui ont fini par avoir raison de lui.
Son putain de désespoir, il nous l’avait offert comme un cadeau empoisonné. Ça nous suffisait.
Je me souviens pendant les longues délicieuses minutes où je l’attendais, je regardais par l’œil de bœuf et quand la lumière du couloir s’allumait je savais que c’était lui. Alors je me mettais sur le palier et j’attendais avant d’apercevoir sur l’accoudoir les nombreuses bagues qui ornaient ces mains cendrées.
Ma grand-mère est à Lourdes avec ma tante. Je leur ai demandé d’avoir une pensée pour Nasser. La vie sans N c’est plus que chiant, c’est carrément et au moins (sans parler des conséquences désastreuses sur mon entourage qui prennent CASH mes remontées acides.) Je ne sais pas ce qui me retient dans Paris. Cette ville me colle aux basques comme de la SUPER GLUE 3. Au mois d’août, elle n’appartient plus qu’aux terroristes, touristes je voulais dire mais en fait c’est pareil. Presque.
On est le combien je suis en retard. Il fallait que je m’arrête. Je suis toujours allé trop loin. Absolument tout consiste à s’arrêter à temps. J’ai arrêté la came juste à temps sans la disparition de Nasser mon cœur aurait peut-être lâché enfin peut être pas. Même quand on va trop loin et qu’on se fait taper sur les doigts par la vie, on cherche à justifier et à bonifier cette incartade de trop.
Je ne veux plus changer de chaussures. J’attendrais d’avoir des corps aux pieds, que mes vieilles CONVERSE n’aient plus de plancher qui vive.
HEGEL et son foutu sens de l’histoire. L’Histoire, ce n’est qu’un panorama des infamies humaines qui se répètent sans cesse, alors que va le rythme de la technique. Comme si l’Homme s’était amélioré sur le plan moral depuis l’âge des cavernes.
Il y a une direction mais pas de sens.
Quand je pense que Nietzsche est resté 10 années quasiment muet, prostré, grabataire. Il s’est dynamité la tête trop tôt c’est dommage.
Je te dis ce que je voulais te dire avant que tu devines ce que je t’aurais dit si tu l’avais deviné. C’est tout. Rien de plus, ni de moins. No comment.
La vie c’est une rupture perpétuelle, un renouveau sans cesse. C’est ça la tragédie, rien ne reste. Sauf les pierres et encore. La fille qui m’a sourit il y a trois jours dans la rue de l’odéon. Où est-elle ? Que fait-elle ? Se souvient-elle de m’avoir dévisagé ? Y – a – t’il une explication à tout ça ? Quand tu penses que quelques mots échangés peuvent prodigieusement faire basculer ton destin.
Combien de femmes de ma vie ai-je laissé passé. Je préfère ne pas finir par une interrogation. Le métro, les lieux de transports de voyageurs offrent un espace infini pour une telle rêverie.
Le numéro de téléphone, c’est le nombre magique qui vous ouvre les portes de la Vie.
Aujourd’hui j’oublie
Mon nom je ne laisse pas de trace aujourd’hui je me délasse
Aujourd’hui il pleut et je me dis que j’aime écrire quand il pleut
Ça ne laisse pas de traces
Fugace
Intemporel je fuis la masse
Informe
Que je menace d’une dague.
Aujourd’hui j’oublie
J’oublie qui je suis je ne suis rien je suis OFF je suis ASSEZ !
Je suis informel avec les VIP, formel avec le quidam du coin.
Sortir de soi, sortir de chez soi urgence absolue. Nécessité vitale. Urgence absolue de garder le contact avec les autres les éviter quand ils sont stupides les préférer quand ils ont du coffre, du vécu, du background, surtout de la sensibilité, des écorchés vifs mais pas trop quand même je ne suis pas infirmier par contre j’aimerais bien en rencontrer une, d’infirmière.
Eviter aussi ceux qui fréquentent le vice. Ceux qui ont des affinités avec le vice.
Je cherche à faire quelque chose à part fumer des cigarettes. Je cherche à espérer l’avenir. A changer l’avenir qu’on m’impose et que je m’impose. Effroi soudain quand je me mets à penser à ma situation. Toutes ces péripéties ne sont pas le fruit d’un théâtre mais d’une composition vitale vécue.
Nasser où es-tu ? Trois mois et une semaine après ta mort ma traque n’a rien donné. Si, elle m’a exaspéré, j’ai envie de fuir au loin pour t’oublier, comme Gauguin dans le pacifique, désolé ma poule comme tu m’appelais, je ne supporte plus ton absence, il faut que je batte en brèche, c’est la retraite, désormais. Je dois t’oublier. Comment veux-tu que je continue à vivre avec toi alors que tu n’es plus là ?
L’ecstasy pue la synthèse me dit un de mes proches. En fin de soirée dans n’importe quel club ça pue le synthétique à tout va. Il me raconte que c’est une bonne raison pour arrêter l’ecstasy. G me raconte qu’il ne peut plus supporter tous ces camés synthétiques qui se frottent les uns contre les autres en quête d’une forme d’affection digitale.
Cauchemar encore cette nuit j’étais avec une superbe fille on survolait la ville en volant je l’aimais elle m’aimait tout était parfait mais à un moment elle a crié elle s’est effondrée. En fait j’ai compris après qu’elle avait pris trop de C et que ça l’a tué. La mort de Nasser ne fait que me hanter.
Je crois qu’on ne devient adulte qu’après la mort de ses parents. Les parents sont des obstacles à la maturité. J’ai un ami qui vient de perdre sa mère de 60 ans et bien je ne l’ai jamais vu aussi équilibré et en paix. Faut dire aussi qu’il n’avait pas été gâté : elle avait l’utérus qui la travaillait qui lui remontait jusqu’au cervelet, elle était à la pointe de l’hystérie, elle avalait plus de soixante comprimés de facture américaine soi-disant pour se soigner. Mon ami a bien pleuré quelques jours pour le décor, mais je crois qu’en son inconscient il était soulagé, il est libre désormais.
Je rentre, je sors ce soir, je ferme les fenêtres ce soir j’ai peur que la foudre entache mon intérieur rapetisse ma chambrée déjà que la peinture est défraîchie avec de grosses tranchées remplies de plâtre dues à l’électrification c’est pas beau à voir c’était inévitable l’électricité d’avant c’était du tissu qui fuyait le disjoncteur différentiel passait sa vie à me lâcher dès que j’ouvrais l’halogène enfin ça n’a pas d’importance pourquoi je vous raconte ça
Je suis allé à un vernissage (on vernit quoi ce soir ?), il y avait des photos couleur argentiques, la fille nous expliquait sa haine et la peur que lui inspirait le numérique les pixels et tout le tra-la-la et puis il y avait un « caisson symphonique » une pièce unique d’un jeune BOBO parisien avec des converses bleues rapiécées (comme moi). Son caisson
C’était une grand carré noir rempli de billes qui réfractaient la vision. Ce jeune homme était un spécialiste de la vision et de l’optique. Si cela vous intéresse je peux vous mettre en relation avec ce gentil et aimable monsieur, j’ai son numéro (enfin, pas sur moi, quelque part entre les factures éparses).
J’aimerais qu’on fasse une coupe de mon cerveau déficient, qu’on la scanne et qu’on l’héberge sur un site Web bien hospitalier que je ne serai plus là pour remercier, il faut donc que je m’y prenne à l’avance, comme tous les cryogénés font. La politesse, ça compte. L’idée que tous les internautes puisse avoir un accès à une partie de ma conscience et de mes névroses me plaît assez. C’est une nouvelle forme d’exhibitionniste.
Commencer par une journée radieuse suivie d’une pluie mathématique, je lâche les Dobermans sur l’algèbre sur les empêcheurs de tourner droit. J’ai le réveil parano et hargneux. Je dors avec deux brownings sous l’oreiller.
J’ai l’univers carcéral comme espace vital, c’est court. Heureusement j’ai l’écriture et l’imaginaire infinis.
D’autres seraient tombés pour moins que ça.
Je suis enfermé par l’imaginaire. C’est moins douloureux que quatre murs mais plus dur qu’une liberté de caniche.
La Vie n’a pas encore commencé. Le Verbe est né mais la Vie avec un grand V comme Violence n’a pas encore débuté. Le spectacle est en STANDBY. Vous n’allez pas voir ce que vous allez voir. Vous n’aurez pas le temps. Quand la Vie reprendra ses droits, la justice des Hommes aura pâle figure. La Violence sera 11 IX²
L’arche de Noé va reprendre du service.
Je n’hume pas le temps qui passe, je le fume. Je m’en fous complètement. Je détruis les secondes qui me déplaisent. A chacun son hobby. Moi je détruis le temps à la tronçonneuse.
Le suicide c’est trot tôt pour les autres et trop tard pour soi.
« I’ll crawl to see you again ». C’était le dernier mot que j’ai lâché à une femme. C’est du Cockney sauvage.
Toutes les femmes que je rencontre dans mon imaginaire.
Toutes les images qui font de moi un mateur.
Toutes les tricheries que je fais à moi-même qui font de moi un branleur.
Plus tard, bien plus tard, on se souviendra de moi comme une icône de l’anonymat. A moins que je n’aie mon quart d’heure de pixels de gloire comme le prophétisait Warhol.
A part les photomatons, je n’ai pas (ou peu) d’admirateurs.
Est-ce que tu te sens aimé toi ? Moi je n’ai quasiment jamais eu d’histoires sérieuses. Je ne rencontrais pas de femmes alors j’ai essayé pendant quelques temps d’être homosexuel. Au début ça m’a plut et puis après ça a commencé à me dégoûter. C’est pas mon truc point.
Quand je pense aux femmes ç’est l’Effroi, j’ai une sensation de solitude immense. Comme Alain dans le Feu- Follet de Drieu, j’ai l’impression de ne pas avoir de prises sur elles. Sorte de fatalité qui me fout le vertige. Y a quelqu’un là haut ?
Dis-moi qu’il y a autre chose que ce qu’on voit sur l’écran ? Dis-moi que notre Destin n’est pas derrière une caméra ? Dis-moi dis-moi que la Réalité est dans la nuit et que le jour n’est que farce & attrapes ?
Dis, où est la machine à faire le deuil de la Réalité ?
Dis, où est la machine à faire le deuil tout-court ?
Si j’habite au dernier étage, c’était pour deux raisons : la première, me rapprocher de Dieu et la seconde, c’était pour sauter. Dans les deux cas, m’oublier.
Qu-est-ce que je peux me fatiguer à penser à moi alors que nous sommes au bas mot 6 milliards sur la planète. Je pourrais penser par exemple à ce petit Rwandais ( VU A LA TV !!!) qui a perdu toute sa famille à coup de serpette. Je pourrais mais je ne le fais pas parce que je ne suis qu’une salope d’égoïste.
Ce matin je rencontre un PD que je connais dans un café un peu branché rue Poncelet. Il gueule devant tout le monde à l’attention du serveur, et fort en plus : « il me faut une capote pour mon GOD ! Je me gode en rentrant chez moi ! ». Le plus époustouflant c’est que le serveur est revenu avec une Manix Deluxe pendant qu’il sirotait son diabolo-menthe.
On en a assez nous, la masse protéiforme des écrivains, d’être déjà morts. Parce que les artistes n’ont jamais été plus morts qu’aujourd’hui avec la mauvaise foi de tous ces soixante-huit tard qui ne font que retourner leurs vestes – je sais c’est pas nouveau ce que je dis -, et bâillonner la scène littéraire montante trop timide face à ces apparatchiks.
J’aimerais bien avoir la parole. Je suis ulcéré de voir tous ces talents passés aux oubliettes et qui ressortiront. Rimbaud n’a jamais demandé à être millionnaire mais le plus grand poète du XIXème siècle aurait pu vivre décemment, c’était la moindre des choses. Les vrais artistes n’ont jamais eu une tune, ce qui est plus grave, c’est qu’on attende la mort pour faire fructifier leurs œuvres. Van Gogh peignait sur les portes de son poulailler tellement il était fauché. Si quelqu’un avait retrouvé son oreille, il l’aurait mis en vente chez Christie’s !
Le jour où les artistes seront payés en fonction de la qualité de leur créativité, les cours de la bourse feront le plus gros KRACH de l’histoire monétaire mondiale.
Je mets à mal ma stérilité je perds 10000 spermatozoïdes ou je les rends mutants. J’allume une cigarette. Charmant. Je fume en cachette comme au bahut quand on fumait dans les chiottes. A 28 ans, ça la fout mal.
La seule chose qui m’irrite un peu chez BACH, c’est le nombre de ses cantates il y en a trop même pour un fervent chrétien. On ne s’y retrouve plus. Aussi, avec la mort de Dieu, la transcendance de Bach change de référent. Cela devient une mystique sans Dieu, un peu comme l’œuvre de Bataille. Enfin les deux personnages n’ont rien à voir. Il n’y a pas plus sain que BACH.
Je n’ai fait qu’écrire cet été. Je suis peu sorti. Pourtant Paris avait sorti le sable et les brumisateurs pour plaire au peuple. Je n’y pas foutu les pieds de l’été. Tu me vois, toi entre deux PDs en string en train de faire bronzette ?
De toute façon, il pleut.
De toute façon, j’ai mes raisons
De toute façon, ça repoussera
J’ai toujours tutoyé Jésus, mais Dieu, non, non je n’oserai pas…Quoique…
Je cherche de bonnes raisons pour sortir. Le temps est une calamité et je ne sais où aller.
Si j’avais de l’argent je le dépenserai consommer c’est anxiolytique c’est connu c’est mieux que le Lexomil
J’ai l’impression que Paris ressemble de plus en plus à Disney land. A l’époque du virtuel, à quand une copie conforme de Paris et de ses monuments ? (la tour Eiffel est déjà clonée à Dallas). A quand Versailles à Hong Kong ? Hier soir j’étais à Pigalle, il n’y avait que des cars de touristes qui tournaient et tournaient le long du boulevard en attendant que ses occupants se rincent l’œil. Pas un autochtone en vue.
Le hasch est un révélateur de personnalité. Tous les personnes sensibles qui en fument ne le supportent pas (parano, tachycardie, angoisses). Par contre il a une propriété sédative et légèrement euphorique sur les imbéciles. Ça les abrutit encore plus. C’est prouvé ce que je vous dis j’en ai fait la longue expérience.
Où faire atterrir mes mots ? Ils sont si fragiles qu’une seule brise les anéantirait.
Je n’ai rien qui m’appartient. Les mots, je les ai empruntés, c’est tout. J’aurais pu les acheter comme font les grands groupes de publicité mais je n’en ai pas les moyens. Je suis petit. Tout petit. Et j’erre, j’erre.
J’imagine l’existence comme si une musique triste comme un andante de Mozart passait en boucle jusqu’à la fin du monde. Les gens deviendraient joliment fous. Fous, mais pas aliénés.
J’ai 28 ans et je n’ai pas trouvé l’amorce. Je ne suis pas né à la vie, en fait. La vie ça ne peut pas être ce que j’ai vécu, c’est impossible il doit y avoir un sabotage quelque part. Ou alors…
Les gens s’insèrent comme une carte bleue dans un distributeur. Moi, la puce est rayée.
Elle me dit « Vos droits sont insuffisants »
« Now I’m clean
The cleanest I’ve been”
J’suis foutu. Complètement foutu.
J’ai toujours fucking attendu dans ma vie. J’ai attendu la pluie, les femmes, l’argent. Mais rien n’est apparu de tout cela. Alors…
Que j’écrive sur de la glace mon nom
Qu’il fonde
Que je disparaisse avec
Le labyrinthe dans lequel je suis se bouffe la queue c’est fini_
Si je pouvais arrêter le temps, enfin si je pouvais revenir en arrière… Combien de gens je me dis, ont voulu le faire, revenir en arrière et changer ce qui va s’écrire. Il y aurait tant à faire moi j’aurai Nasser à sauver de cette mort si brutale. J’aurais changé mes études aussi, j’aurais fait des lettres et de la philo il faut pousser sa nature à bout pour qu’elle se réalise.
Tous les jours la société et la publicité cherchent à nous écarter de la créativité. C’est paradoxal car la publicité utilise la créativité pour vendre, et non pour épanouir l’individu. Bien entendu, c’est une créativité bridée.
Levé à 6 heures, de nouveau marre des chauves-souris cauchemars. Mon passé d’écolier d’internat qui refait surface, l’Effroi, la peur. Ma terrible adolescence où je croyais perdre mes dents et mes gencives. Cet abîme me prit pendant un match de foot dans la cour du collège. Je vécus pendant 3 ans avec cette phobie de la transformation du corps. A chaque réveil, à chaque récréation je me jetais sur un miroir pour vérifier ma bouche et voir si rien n’avait bougé pendant la nuit. J’avais même mis un petit miroir dans mon cartable.
Terrifiante évocation que cette peur de se penser disparaître.
J’étais quelqu’un qui adorait le soir qui le sanctifiait, je me sentais proche de la nuit et puis, depuis peu, quand le crépuscule vient, une vague de mélancolie m’emporte.
Avant c’était le matin. L’aube me tyrannisait.
Je me dis je me dis encore une fois sors de toi mon guillaume enivre toi dans une vertu dans la Poésie à défaut de t’enivrer de vin (je ne supporte pas l’alcool ni les alcooliques je les hais). Du haut de sa tour d’ivoire, Charles Baudelaire se reconnaîtra (petits poèmes en prose).
Ne brûle pas les feux rouges. Respecte le code de la route. Ne brûle que les feux verts.
Je disais je hais les alcooliques je préfère encore les vieux toxicos, enchaînés à leurs piqûres d’héroïne. Pourquoi parce qu’en principe l’héro te détache de la vie, te fait sauter du train en marche alors que l’alcool te bidonne le foie en te ramenant à une réalité sordide. L’alcool ne fait que donner du courage aux partisans du réel. L’héro est un mode de vie beaucoup plus difficile à tenir. Tu ne fais que des allers-retour Enfer-Paradis.
Pourquoi j’écris ? Parce que je ne sais faire que cela parce que j’ai un chagrin depuis tout petit que je pensais évacuer par les mots mais ça ne se passe pas comme cela. L’écriture peut donner du sens à ses émotions mais ne les apaise pas, enfin pas pour moi. Parfois ça endurcit même les mœurs. Ça formalise le désespoir.
Une petite bruine, fine fine fine tombe sur la ville. C’est triste et beau à la fois. La pluie aussi est un soleil. C’est un soleil qui chagrine. Donc je lave mes mains au ciel, je suis gratifié par la nature intemporelle et la pluie tombe tombe tombe et j’aime ça.
Je soir, j’aime ça, je rentre, je me pose, je me couche, je fais caca j’aime ça, je suppositoire j’aime ça, je roule à terre moutons avec sur l’aire de jeux où les enfants craignent l’imminente guerre atomique avant les adultes, je me délasse je n’ai pas d’autre abri que d’être accroupi sous ma douche, je fume une clope, une seconde une ternaire j’aime ça je passe au salon, ça va mieux je suis savamment propre avec le cul lavé par le pommeau de la douche j’aime ça je tombe sur ma grand-mère au téléphone je lui dis que je suis allé à la paroisse cette semaine pour me confesser elle aime ça je le sens même si elle a la mémoire en sucette je n’aime pas ça
Je suce chez moi je regarde par la fenêtre je check mes mails, ma messagerie instantané mon père est sur le réseau, enfin son ordi est allumé je ne sais pas ce qu’il fait ça ne me regarde pas je fais bouillir de l’eau imminente en écoutant des Lieder par Kathleen Ferrier c’est époustouflant de profondeur cette voix si grave intense ça j’aime
Je vais faire mon marché on est samedi time is up l’intérieur de mon frigo est semblable à celui d’un polonais y a rien dedans avant de partir il ne faut rien oublier c’est toujours l’angoisse avant de partir je cherche mes clés partout où ça je vous dis partout diantre ! je fume trop de cigarette c’est cher je n’en ai pas les moyens mais comme je le disais ça tue le temps le temps est fait pour être massacré le temps c’est mal si on avait le temps de tout faire on le prendrait avec soi pour le mener par le bout du nez
J’ai acheté des navets, des radis, des rognons, des pissenlits, de l’Epoisse, du jus de concombre, une belle laitue, un morceau de viande (de la macreuse, du gite-gite ) enfin plein de choses que je pourrai avaler le temps venu
Je me souviens de Sandra une fille avec qui j’avais fricoté c’était une période où je n’arrêtais pas de sniffer du Poppers je me souviens ça m’excitait je bandais comme un taureau avec ce vasodilatateur enivrant à déconseiller aux moins de 36 mois sinon c’est pas dangereux bon tu perds quelques neurones c’est sûr mais entre nous qu’est-ce que ça peut faire à part moins bien jouer au scrabble ?
J’aimerai bien m’acheter une énorme caravane avec un gros réservoir pour me faire conduire sur les autoroutes pendant le reste de mes jours jour et nuit 24H/24 avec Internet, télévision et une bonne réserve de musique. On ne s’arrêterait uniquement que pour faire le plein de Diesel (économie oblige). On pourrait faire toute l’Europe de l’est, aller jusqu’en Russie et surtout embarquer dans un paquebot pour les état-unis et pratiquer le 66 Highway et se perdre dans les circonvolutions, immenses bretelles et autres rocades.
Et tout ça, qu’il pleuve où qu’il vente, toujours bien au chaud dans ce mobil home réconfortant. Il y a de la magie là dedans.
A part tout, tout va bien.
A part rien, tout va mal.
13 heures. L’heure de l’hécatombe, je Journal télévisé où nous sont exposées les vertus de l’espace humaine. Au sommaire, un choix de première qualité, la mort de Mohammed, le crâne fendu à la hachette par un roumain. C’est bien, c’est fleuri, jardin.
Depuis cette conne d’Eve, l’être humain est maudit car il a la faculté de penser. Or contrairement aux humains, DIEU ne pense pas, il règne.
Supprimer la pensée, c’est revenir à un état où la souffrance disparaît. Toutes les souffrances et autres angoisses proviennent d’une forme de pensée. Si vous revenez à la racine de la pensée, votre douleur s’éteindra. Je crois que cela se rapproche de la philosophie Bouddhiste tout ça. Je pense donc je souffre, c’est clair comme de l’eau de roche.
Quand la herse tombe, mieux vaut être du bon côté mais surtout pas au milieu. Dans la vie il faut choisir son camp. Je vous l’avais dit, la herse est cruelle !
Je jette l’argent par la fenêtre mais je garde les mots précieusement dans ma poche.
Mots aux hasards de ma poche : boulette, hachis Parmentier, ferments lactiques, agonie, vierge folle, suprématie, cancre, chenal, cimenterie, chevalerie, terreur, limitation…ETC
Voulez-vous que je continue ? (sondage)
63% des sondés sont pour le lâchage de mots à nouveau. Le bombardier de mots va donc continuer son largage.
Donc je reprends : autoroute, désert, silence, concentration, tronche de peuplier, tête d’algue, maigrir, friture, morcellement, épisodique…ETC
Triste journée. Du n’importe quoi dans la prise de mes anti-dépressuriser. Prêt à tout pour échapper à cette saloperie d’angoisse. Envie d’avoir envie derrière cette peur d’avoir peur.
Si j’avais de l’opium je serais sauvé, mais je n’en ai pas.
La ciaccone de BACH, un quart d’heure de pure merveille musicale aussi bien technique qu’émotionnelle. Une tristesse salvatrice qui évoque la rédemption des âmes et l’espérance d’un ordre universel, que tout se conjugue.
Pourquoi tourner autour du pot, alors que nous sommes en plein dedans, dans ce pot.
A quand une criée, une salle des marchés du purin et de la merde ? Un artiste belge vend bien déjà de la merde dans du formol fabriqué par une machine (VU A LA TV !!!).
Je n’invente rien moi, je ne suis qu’un scribe qui retranscrit ce que la Puissance divine ou le grand architecte veut bien me livrer. Je suis un « Dieu m’a dit », c’est mieux que rien.
Quand on arrive à une telle intensité de désespoir et d’angoisse, c’est peut-être là que l’espérance peut faire son chemin, parmi les décombres et les gravats liés à la tempête.
« L’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches », dixit le grand Céline, en tout cas j’ai bien changé, aujourd’hui j’aimerai bien l’avoir mon caniche à moi. Pourtant je ne suis pas caniche, je ne crois pas.
Les grandes vacances, ce sont les grandes angoisses, la grande solitude, c’est pire que cette saleté de Noël et de Jour de l’An. Quelle idée stupide de prendre des vacances ? D’aller s’entasser sur 2m² de sable, tout gluant de crème solaire. Il n’y a que les riches qui passent de vraies vacances sur un yacht avec des femmes du champagne et de la bonne Coke.
Il n’y a que dans le travail acharné qu’un être comme moi a une petite chance de trouver une sortie. Je ne suis pas encore totalement aveugle.
Paradoxalement un interne de l’Hôtel Dieu m’a dit qu’il n’y avait pas plus de suicides qu’au mois d’août, un dimanche de grand soleil.
En effet ce type de journée ne s’accorde pas avec la mélancolie. Il y a conflit. Et jalousie. Tous ces gens riant souriant dans les rues, les jeunes filles insouciantes, tout cela est insoutenable pour un désespéré.
Un temps de pluie s’accorde davantage à l’humeur du déprimé.
Je tricote ma vie qui s’effiloche.
Mozart et ses andante. Concerto pour piano n°9, 17 ,21,22,23 les cinq concertos pour piano les plus sidérants. Quand je pense qu’il y a 99% de la population qui n’a jamais eu le bonheur de les écouter.
Hier quand la pluie tombait sur tes vêtements ça n’avait l’air de rien mais tu étais si belle que je n’ai pas résisté à la tentation de te dire « je t’aime »
Circulation, émission, réception, échange simultané, transfert. Partout on liquide le transfert des informations.
Comme j’aimerai empoigner la vie, lui dire fais-ci, fais ça, je me mens à moi-même je n’ose pas tout les subterfuges qui ferait de moi un homme quasi heureux.
Je suis très malheureux, j’ai mal, oui je sais tout le monde à mal, l’homme est mal fait. L’homme doit apprendre à se finir. L’homme n’est qu’au début de son évolution et pourtant il n’a jamais été aussi proche de se détruire.
La question qui ne cesse de me hanter, ce n’est pas la peur de la mort, c’est l’Angoisse. Pourquoi cette ignominie ? Pourquoi cette odeur de peur partout dans le métro, sous les bouches d’aération, dans les squares. Paradoxalement l’endroit le plus apaisant pour les nerfs ce sont les cimetières que j’adore parcourir.
J’aimerais subir une métamorphose à la Kafka, me réveiller un matin totalement libéré de mes angoisses. Comment réagirais-je ? Je n’en ai aucune idée. A force d’avoir côtoyé
Longtemps le désespoir on s’en fait un compagnon de route. Il devient notre repère et il est très difficile de s’en détacher. On se met à avoir l’air con d’être heureux !
Une cigarette qui se consume dans le silence – Le temps qui passe – Tous ces mots qu’on ne dit pas – Toutes ces choses qu’on ne voit pas – Tous ces corps qu’on ne touche pas – Une cigarette qui se consume dans le silence –
Effilochement je meurs d’envie de mordre comme un pitbull
Ma tête n’est plus à sa place, je cherche le mot de la fin, j’ai les reins-rate qui me font tour à tour mal à la tête c’est étonnant rien n’est à sa place je regarde de mon habitacle le périphérique parisien et je le trouve beau et très laid à la fois
Cette vue que je n’échangerais pour rien au monde, la vue immaculée, primale, le commencement du monde, la nécessité impondérable d’Exister.
Se piquer par voie intraveineuse, c’est avoir l’orgueil de penser qu’on peut maîtriser le fonctionnement de son corps, de son humeur. Le pire c’est que c’est en partie vrai.
Un jour il s’est réveillé en ne l’aimant plus. Qu’est-ce qu’il pouvait faire ? Le fallait-il ?
Il le fallait.
Les catholiques nous intiment l’ordre d’être heureux. Ils sont marrants ces cathos.
Le désœuvrement fait perdre le sens de toute choses. Attire vers le vice. Fait perdre le sens et la joie des saisons. Hiver, été, plus rien n’a d’importance. C’est la mort.
J’ai prié hier soir. J’ai demandé à Nasser qu’il m’aide. Qu’il m’extirpe de la torpeur. Ce matin ça allait mieux. Peut-être que…
« Le fond de l’homme c’est Croire » dixit Sœur Emmanuelle. Ces mots tout simples sont si puissants.
On devrait fêter les anniversaires à l’envers, ce serait moins triste.
Je ne sais si c’est dans cette enfance ou une autre, d’une vie antérieure, où il y avait cette abondante source de vie et de rencontres amoureuses sans que l’âge des adultes viennent tout compliquer. Cela se passait dans le North Devon, une province de Cornouailles où il pleuvait beaucoup. J’étais amoureux de toutes les femmes, ce qui me fût fatal, je ne savais pas laquelle m’était destinée.
Je pense qu’avec une seule notre jouée avec Art on peut bâtir le Monde.
Je ne sais pas moi, fais ci, fais ça, bouge-toi
C’est effectif, peut-être qu’en faisant ci ou qu’en faisant ça, ma vie peut être va se modifier dans le bon sens.
Seigneur si j’étais bien j’irais n’importe où faire n’importe quoi et je le ferais avec le sourire même mais je ne sais où aller on ne m’a pas appris le chemin je suis l’enfant seul avec sa lanterne.
Eh toi le passant, oui toi qui passe, tu es bien en train de passer, non ? Et bien je me sens seul ce soir je peux dégueuler sur toi ma désespérance, j’ai bien le droit, non ?
Je m’approche des autres pour comprendre comment font-ils pour se supporter et supporter ça, cette vie, et tout ce fatras sans adjuvants. Chez moi la pensée n’est que très rarement source de plaisir. En effet plus je pense, plus je me bouffe la queue, plus je m’enferme, la pensée pour moi n’est pas lieu de repos et de liberté, c’est un lieu de cruauté pour ne pas dire de torture. Je pense donc je souffre.
Ces derniers jours, cela va très mal succession d’événements minables hors de ma portée sur laquelle je n’avais pas de prises. Angoisses charnues. Envies d’en finir c ‘est tout point à la ligne je ne sais plus quoi faire aller parader avec une plume dans le cul j’aimerais être juif en toute tranquillité.
Je n’ai jamais cherché que la rédemption pour atteindre le soulagement. Je traque non pas le plaisir, mais le soulagement de mon âme. Où sont mes années perdues, bon sang j’ai vécu avant, non je n’ai pas vécu j’ai rêvé, c’est ça j’ai rêvé des songes embuaient ma tête pleine de cannabis.
Je ne suis pas fait pour être un ermite. J’ai toujours parlé aux gens. Mais mes premières expériences professionnelles ont été désastreuses. J’ai cru pouvoir me lier d’amitié avec des collègues de bureau devant la mythique cafétéria.
Henry Laborit, qui était loin d’être un con, puisqu’on lui doit une bonne partie des psychotropes qu’on retrouve sur les étals des pharmacies, professait sur la fuite, il y a consacré un émouvant livre.
Quand le temps efface-t-il nos chagrin ?
« la vie elle ne va pas assez vite en moi alors je l’accélère, je la redresse. »
Ce leitmotiv, de Drieu, qui me hante, qui me hante et qui en a du en hanter plus d’un autre que moi.
Comment éthiquement concevoir que mes plus grandes découvertes, mes plus grandes joies d’Homme je les ai connues en prenant des hallucinogènes et de la cocaïne ? Je ne me suis jamais revenu totalement de là bas.
Mon dieu je te découvre là, nu dans mon labyrinthe et je ne peux rien faire de toi, ni pour toi, où j’en suis j’en suis du nul part de Beckett, d’Artaud, de Koltès. Je sens mauvais tu sors de l’eau de pluie et moi j’ai mal aux dents, de la codéine dans le cœur soulagé de voir le soleil se lever, triste de le voir se coucher par peur d’une apocalypse nocturne injuste.
Quand on est malheureux, A part son requiem, Mozart est insupportable. Il ne fait que nous rendre meurtri de ne pas être des dieux.
« T’étais ou toi, le 11 septembre 2001 ? . On pourrait écrire un livre qui raconterait la vie vécue par ceux qui n’ont pas vécu le 11 septembre 2001, ceux qui étaient simplement spectateurs.
D’autres raconteront fièrement « moi, j’y étais ! »
Guillaume Hoogveld©
Jean-Louis Becq© pour l’illustration
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