Journal incertain, 11 Septembre 2006/ Inédit

Système Fiction.

À la fin tu es las de ce monde virtuel

Zones réelles, Zones virtuelles, Zones textuelles.

 ©Guillaume HOOGVELD @2006 pour le texte et 15112017 pour le cliché

 

A toi Special Kamel, je ne t’oublierai jamais, ni ton sourire ni tes peines
Tu es dans ma chair,
Métallisée court-circuitée
Dans l’aciérie des nerfs
Palpitant contre tous flirtant avec les langues âpres ou amères
Parcourant hasardeusement les artères folles atmosphères des open-spaces ouverts de l’enfer des bunkers de l’extime

A Mahé pour son attention posée sur mes paupières. Le Bonheur du Grand-Midi qui lui va si bien qui nous réunit.

 

J’fais pas ce qui faut non plus. Cette nuit, celle d’hier, de demain ? C’était quand demain ? Le téléphone sonne, la boite vocale percute, le barillet du combiné me sert comme pendule de fortune, allez quoi, j’ai bien le droit de tenter ma chance avec la Vie, jusqu’ici…oui maman je n’étais pas au monde…oui maman j’ai vociféré Lucifer devant le Christ que tu as dans ta chambre et qui m’exaspère d’immobilisme. L’aboulie ça tue je sais de quoi je parle, mais je ne sais de quoi je pense et encore moins de quoi j’agis.

Je regarde ma montre, il y a la date, un chiffre, mais pas le jour, le jour la lumière, un sourire ça me manque, ça ma manque et je ne peux pas sortir, et je ne peux pas hurler, tout casser, raser, échancrer de tous mes reins tout cela qu’on ne peut  pas faire qu’on a pas le droit de faire qu’il ne faut  pas faire, assez je n’ai jamais eu 18 ans en 1968, ma fête mon orgie à moi je l’ai vécue par écrans interfaces interposés, il y avait beaucoup de pixels morts et peu de sueur :

C’était un 11 Septembre. A 8 H 06, le verre dépoli de ma montre s’est brisé.

Un ange passe

2 tours de silence

C’est peut-être l’heure. Et si je faisais comme tout le monde, une fois, une seule fois dans ma vie.

En route pour la joie. J’ ai faim.

Antonin parfois souvent tu me fous pas la dalle mais les boules en frappant à coup de « vivre c’est toujours la mort de quelqu’un », tes vérités sont poignantes de cruauté, ton théâtre a implosé avec tes fioles de laudanum. Pour supporter ce que tu as enduré et dont tu t’es fais courageusement le témoin et l’acteur impossible impassible, l’opium c’était le minimum que la société « cf. Lettre à monsieur le législateur de la loi sur les stupéfiants » pouvait faire pour apaiser l’innommable, et bien la société elle n’a rien fait de tout ça, tu as du te cacher comme un malfrat. Tu as donc vécu l’intransmissible, la solitude intégrale de l’homme avec lui-même, doutant de ta propre réalité avec l’angoisse de porter la hotte des délires et des raisins pourris, allez je te connais mon frère, tu n’es pas mort puisque tes mots ont pris le pouvoir, t’es même chez Gallimard et on parle de toi dans la gauche caviar !

Je ne sais pas. Il y a peut être quelque chose qui a changé en moi. Alors ? Y. me dit que j’ai lâché un poids de ma tête dans mon corps, que j’ai si longtemps nié, voire méprisé.

Je ne sais pas.

Je n’ai pas la réponse à cette question. Je n’ai pas accès au langage de mon troisième œil qui voit et gère les choses dites « occultes ». D’ailleurs, mes dons de clairvoyance me parviennent toujours dans un état de « soupir », de relâchement intellectuel. Encore une fois la volonté n’est d’aucune utilité, et pire, elle interfère et grippe ces communications.

Qui entendra, qui verra pleinement le message transversal que je porte avec moi sur ma boutonnière ? Qui lira  dans la conscience de mes mots : maux ?

La Vérité est un prisme en diagonale.

Et puis, la solitude. Ce mot qui n’en finit pas de zoner de résonner comme une rame de RER en phase sur son axe lancinant, ivre d’électrochocs. Cathéters connectés.

La solitUde, au creux de ton U, lové tout en bas, alors que tout les indicateurs sont au rouge, il y a le songe et presque l’espoir d’en finir avec toi, de perforer ton cœur plein de sécheresse minérale

Je cherche la fièvre, l’ambivalence, un équilibre entre le féminin et le masculin puisque je crois que l’androgynie est l’essence même du Beau, mais ce n’est pas original : les grecs déjà pensaient cela.

Sauf qu’ils étaient sodomites, sans majoration fiscale pas moi, même à mon insu 😉

Où vais-je ? Je suis tenté par Venise mais je veux mourir à Naples, pour faire bien, pour faire comme tout le monde, le monde des écrivains, pour qui je me prends…Je voudrais éviter un cimetière style fourrière où on te parque encore plus mal qu’un cimetière pour chien ; donc j’opte une concession à éthernité  avec le Père-Lachaise…Entre Chopin, Wilde et Jim Morrison et Jack Daniels.

Mon écriture ne se révèle seulement à quelques « happy few » qui connaissent la Vie par l’expérience et le sensitif. Il faut avoir vécu l’angoisse de morcellement, la peur du mirage, l’onde électrique et le fouet du sel qui vient et revient sabler votre corps alors que toute fuite est vaine.

Mais je ne pense pas qu’à moi, j’écris pour ceux qui ont perdu la parole, cela n’est pas démagogie ou humanisme, c’est un instinct, je me préserve, je me délivre aussi en donnant ces mots qui ne me rapporteront jamais rien matériellement, même pas un pin’s, une gomme, un autocollant ou, comble du bonheur, un aspirateur…

Quand je pense que Pessoa, qui est sans hésitation l’un des plus grand poète et écrivain universel, quand je pense que cet ange blessé n’a publié qu’un seul recueil de son « humble vivant »…J’en ai la nausée : Combien de Rimbaud je me dis, combien de Mozart étouffés par leurs propres contemporains aux œillères monstrueuses ? Ni la justice, quelle soit sociale, psychologique, économique, ni la justice, ni l’Histoire ne président à ce chaos qu’est la Vie.

Un ange, seul un ange pourrait me sauver de la Vie. Je veux connaître ma bonne étoile. Je sens qu’elle siège et me protège. J’ai été protégé de la mort plusieurs fois de façon déconcertante.

J’ai connu les deux revers, la dualité, le yin & le yang, l’animus & l’aenima.

On m’attendait donc près du danger. Le destin a été dévié.

Merci.

Il se passe un truc tellement violent, tellement ravageur dans ma tête qui est la mienne que je me dis que je vais devoir en faire un truc de ce chose, le langage n’aura pas ma faim ni aucune de mes possessions…

Je vois la même débilité profonde, et avec tristesse, je vois la même barbarie dans les grognements et les vociférations de supporters de « football » que la masse allemande dans la nuit Nazie. Un aller-retour vers le singe, pire, vers le porc. Quant aux fanatiques religieux, ils me coupent toute expression… C’est la même fibre destructrice qui est en « jeu » chez l’espèce de connerie humaine.

Je relis les derniers mots de Stefan Zweig rédigés le 22 février 1942 du Brésil et je me sens si proche de sa sensibilité, de son étoile fuyante car il faut ardemment fuir devant la barbarie lorsqu’elle parvient à soulever ces horribles masses, et ne pas lui faire l’honneur de lui donner la parole. La parole, les mots sont les derniers temples de la civilisation.

« Je pense qu’il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence ou le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde.

Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux.»

Je ne m’intéresse de moins en moins à l’actualité. L’Histoire n’existe pas, elle est réécrite sans cesse par des pantins derrière des dépêches interprétées et il n’y a que des marionnettes pour croire au « journal de 20 heures ». La messe est dite.

J’ai les nerfs en fibre optique, ils absorbent tout et vont à 1000 à l’heure mais il y a une erreur dans les connexions et moi j’ai trop mal. Je pourrais prendre 300 mg de Rivotril ou d’un autre anti-épileptique, ça ne changerait rien.

Il y a une pathologie de la communication.

La seule invention qui valait la peine c’était  le Son et la Musique, mais tant pis, ce n’est pas l’Homme qui l’a faite. Elle était déjà sur terre avant lui.

La Musique c’est l’expression la plus archaïque, bien avant celle du langage des mots et des choses, que n’importe quel sophiste peut pervertir et interpréter.

« Grace » de Jeff Buckley, piste 06 : Hallelujah

Je n’ai plus rien à faire de là, mais je ne peux pas sortir d’ici.

Je ne suis jamais sorti du paysage de l’enfance. Je donnerai tout pour revenir à cette vie, à cette bulle où ni sexualité, ni pulsions, névroses, contraintes, responsabilités et j’en passe n’avaient le droit de cité.

Tout pour revenir dans la maison familiale et y retrouver le bonheur, sous sa forme la plus concentrée. Le bonheur pour moi est décliné au passé, je n’y crois plus ; d’ailleurs je crois qu’on perd le Bonheur le jour où tout le monde semble y croire. Quand tout le monde le désire ardemment et égoïstement, le ver est dans le fruit, c’est foutu.

Wilde : « J’aime les femmes qui ont une passé et les hommes qui ont un avenir ».

C’est une très belle image, sans doute, de ce qui sépare les hommes et les femmes. La femme du XIXème est très soumise et c’est encore et toujours l’homme qui pavoise.

Je ne comprends même pas, et ceci sous tous les angles, les revendications homos de mariage, d’enfants… Ils veulent devenir plus bourgeois que bourgeois ? A quand la particule pour les pédés et les lesbiennes ? Julien de Sodome, François de la motte-pipeau…Emmanuelle de saint god…

Quand les êtres humains se diront-ils qu’un enfant est la plus grosse responsabilité de la Vie dans une histoire personnelle et commune ?

Au siècle des Lumières, avaient-ils des halogènes ? Des ampoules basse consommation, peut-être ?

J’habite un corps qu’on m’a cédé aux enchères. Il est de facture masculine classique mais cette cuirasse reste un étranger pour moi. Je ne suis pas xénophobe mais la communication est difficile.

J’ai perdu 30 kilos en 1 an sans raison. Les  examens biologiques  n’ont rien donné je suis en train de disparaître. J’ai du trop lire BIBA.

Je n’ai rien d’anorexique mais je ne fais plus la cuisine et je mange mal. Si je pouvais je vivrais sous perfusions de glucose, protéines, lipides et autres minéraux et vitamines 24/24h. Et je n’avalerai plus rien.

C’est une posture, mais subie, je ne choisis par cela, ce n’est pas « parce que je le veux bien »

En fait c’est l’impatience qui me fait beaucoup défaut. Mon seuil de tolérance est trop bas pour cette vie et surtout pour la vie sociale dans une capitale comme Paris.

Drôle de contact avec ce qu’il est communément appelé la Réalité.  Pourquoi ? Parce que tout est interprétation (Nietzsche) et donc c’est dramatique mais l’Histoire est une foutaise. Elle n’existe pas, quelque soit la rigueur du chercheur.

Nous n’ existons pas nous sommes illusions pour nous mêmes avant tout. Et le temps présent nous guide avec aveuglement. Après la mort de Dieu sonne le crépuscule de la Réalité.

Il va falloir du courage, ou de l’arsenic. Certains masques métaphysiques sont assassins lorsqu’ils sont mis à nu.

C’est étrange les religions. J’ aime l’ Eglise pour le personnage du Christ, et son acmé, sa passion. Le catholicisme est une religion qui s’est très vite pervertie après le concile de Nicée de 325 après J.C (bien moins que l’Islam cependant, qui a atteint un niveau inepte du point de vue de la barbarie), Le christianisme offre un  «  sentiment tragique de la Vie », pour citer le livre de Unamuno  qui a été propice à de nombreux artistes en terme d’inspiration depuis le 4ème siècle et l’avènement du Christianisme comme religion de l’empire romain.

Que le Christ ait existé ou pas, « voire plus ou moins », ça n’a aucune importance, surtout lorsqu’on se fait une piètre idée des études historiques. Ce qui importe c’est la pensée magique, c’est le mythe et l’homme pour reprendre le titre de Caillois. Le catholicisme me touche parce qu’il a une charge émotionnelle et esthétique, déjà dans les évangiles : Matthieu est particulièrement dur, et Pasolini en a fait un film « sublime, assourdissant par sa grammaire et ses silences, avec une mise en scène tirée au couteau. ».

Rappelons-nous aussi les Passions de Bach…

Le catholicisme avec son fatras et son protocole baroque ne pèse plus très lourd spirituellement, mais c’est sans doute la religion qui contient le plus d’opium, quel que soit le rang social du pratiquant, et ça a été sa force pendant longtemps. Songeons aux béatitudes : ne valent-elles pas leurs pendants de Morphine et sa patience qui semble infinie, cet ailleurs qui est là sans y être…

La pensée hindouiste me parle : elle parle à mes nerfs, à mes angoisses, à ma Vie présente, à la Vie de l’instant, elle parle à l’âme et l’âme veut vivre ; à mon sens c’est la philosophie qui est allé le plus loin dans la quête de l’absolu.

Si je pars en Inde, je ne reviendrai pas. Si j’étais né là-bas, avec la puissance de mon intuition et les visions qui m’habitent – souvent comme un poids dans cet occident qui chute – , j’aurais été guru, j’aurais trouvé le Soi, enfin je ne l’aurais pas trouvé, il est déjà là en chacun mais il faut avoir conscience, pleinement conscience et un  total abandon.

J’ai voulu, une fois encore écrire d’un verbe fougueux de liberté, d’Amours, d’espaces et de bonheurs mais la machine à emboutir a corrompu mes stances.

J’ai une qualité que rien ne pourra m’ôter : je me regarde dans la glace. Après 15 ans de psychotropes, je n’ai pas trop de séquelles sur le visage, je peux m’estimer heureux. Ma difficulté suprême c’est sortir de l’aboulie et la solitude qu ‘elle entraîne

pour me remettre à faire quelque chose, à donner quelque chose aux autres.

Certains, en lisant ces lignes plisseront les sourcils et n’entendront rien. L’ action est réservé aux hommes de la terre et moi je me déploie dans les sillons des marées. Je suis l’eau, je n’accroche qu’aux chutes des torrents sauvages. L’aboulie et le désespoir se déboulonnent seulement avec un trop-plein de souffrances. Arrivé à un point, le mental lâche et c’est une quasi béatitude. Toutes les pensées despotiques descendent dans le corps en vrac bouffé par l’angoisse.

Cioran l’a répété durant toute son œuvre, l’insomnie empêche de se régénérer, de voir la vie chaque matin comme un nouveau commencement, tout en sachant évidemment que c’est une illusion grotesque. Savez-vous que le soleil est une illusion ? Pourquoi pas ?

L’insomnie est donc une révélation, plutôt une dangereuse et très douloureuse lucidité qui perturbe les repères chronologiques, biologiques et psychologiques. Rares sont ceux qui peuvent  survivre à ce trouble et conserver une vie à peu près stable et socialement épanouie.

Mes insomnies m’ont fait quitter le réel, non pas que je sois devenu « fou » mais j’ai le sentiment que cette terrible lassitude d’être soi nous pousse à envisager la vie « hors-de-Soi », près de Dieu où d’une quelconque vertu. On ne peut supporter ces jours sans « césure »  qu’en s’appuyant sur un dérivatif, une altérité bienheureuse.

Rester trop longtemps à gamberger sans fin est une absurdité digne de Sisyphe et je remercie la chimie d’avoir trouvé des parades aux réticences à dormir. Je me le répète si souvent : la pensée est une damnation qui écartèle, propre aux humains. Les Dieux ne pensent plus depuis déjà bien longtemps…

Qu’il est bon de ne plus penser, après un effort physique prolongé par exemple, qu’il est bon de s’abandonner dans les inconnues forêts du ressenti chaleureux de ce corps qui se repose en nous apaisant. Il faut (j’ai toujours banni cette locution) épuiser son corps jusqu’à la rate.

Ce n’est donc pas les mauvaises pensées qu’il faut s’employer à chasser mais toutes les pensées.

Ce n’est pas que j’ai mal écrit : j’ai mal pendant que j’écris. Nuance.

Je n’ai rien à dire, si ça vient, j’ai toujours écrit pour sortir de l’enfer, en fait. Bien sûr j’aime la littérature, la poésie Surtout, mais je veux qu’elle change la Vie et jusqu’à maintenant elle ne l’a pas fait bien que Rimbaud, Artaud ou Lautréamont aient frôlé leur propre métempsycose.

Ecrire n’est pas une thérapie, c’est une volupté, voire un soulagement. Je n’ai jamais écrit que par nécessité. Il y a une bonne partie de « littérature de confort » qui me dégoûte et qui garnissaient les bibliothèques de nos aînés. Je n’emploie pas « bourgeoise » car paradoxalement c’est bien à droite que se trouvent les plumes les aiguisées, les émotions les plus complexes, et le style le plus impeccable : Bernanos, Chardonne, Drieu, Céline…

L’anarchisme de droite m’a toujours séduit tandis que la gauche m’ennuie par sa candeur hypocrite et son manque patent de lucidité.

Cioran, Pessoa, Rimbaud, Baudelaire : Les plus grands écrivains, souvent poètes on toujours avoué que leur vie est un échec ; leur désarroi, jusqu’en dans le plus sublime de leurs créations a eu droit de cité. Il n’y a qu’à lire leurs notes, correspondance ou journaux.

Tous les plus grands créateurs ont une vie brève. Ils viennent avec la clef des songes et travaillent, s’usent au travail et ce n’est pas seulement un cliché, même si c’est absurde et cruel. L’artiste est-il lié à la douleur depuis le commencement du Verbe ?

C’est vrai que j’ai du mal à imaginer un artiste gai comme un pinson, s’appliquant à pondre des vers sur la mort le sourire aux lèvres…

Il n’y a rien à faire, plus un artiste se voue à la lucidité, plus il se dépasse et crée toujours plus haut. Comme si la vertigineuse ingratitude du peuple envers l’artiste n’était pas suffisante, il faut que celui-ci remue le couteau dans sa plaie béante.

La Poésie, est rythme, ce qui manque cruellement à la philosophie, qui peine à se « regarder en face », préférant souvent le recours au concepts passés comme caution intellectuelle. Et souvent, j’ai remarqué cette absence de créativité ; certes des têtes bien faites, bien structurées mais peu ou pas d’intelligence émotionnelle et de création non pas d’un concept mais d’une Pensée qui pourrait prendre racine

Cependant ces deux viviers de la Pensée ont soif l’un de l’autre et un poème de haute portée ne se conçoit sans l’adéquation avec une philosophie.

Le monde de la pensée et de la raison semblerait lié par une forte tension avec celui de l’univers poétique.

Je règle mes comptes : il y a des philosophes, emmurés par leurs idéologies, qui ont cru bon d’adopter « le mélange des genres » et faire un coup d’état sur la folie, en l’intégrant dans le corpus de la philosophie. Foucault, Deleuze et compagnie ont fait beaucoup de mal, non pas à la Poésie en elle-même, mais aux créateurs de Poésie.

Ce qui écrase la Philosophie par rapport à la Poésie, c’est l’expérience. Kant n’a jamais souffert, non ? Pourquoi est-il si dur d’écrire de la Poésie ? Je pense que c’est parce qu’il faut la vivre sa Poésie, il faut vivre ce qu’on écrit, avec son sang  et là j’en arrive à Nietzsche parce qu’il a été le premier à prendre sur ses épaules le poids de l’histoire de la pensée philosophique et à la transfigurer en lui injectant de l’affect. A ce titre, Nietzsche est un poète, avant tout.

Je ne connais pas quelqu’un, quel que soit sa discipline épistémologique je ne connais aucun penseur qui ne se soit pas un jour réclamé de Friedrich Nietzsche. Effarant ! Et je n’aborde pas la politique, sinon on va se fâcher.

La Poésie « travaille » sur le système nerveux central. Les grands poètes comme Holderlin, Novalis, Rimbaud ont payé de leur santé leurs explorations sémantiques. Ils ont vécu dans leurs nerfs les transformations de la langue, qui n’est autre qu’un reflet du monde ; en effet le langage structure la Pensée. Si vous en doutez, je vous invite à lire les œuvres d’ Antonin Artaud, vous vous sentirez un autre, et sa langue vous écœurera, vous aurez vécu sous son aube noire…

Mon amour pour Rachmaninov, ses couleurs… Je ne lui connais pas de mélodie propre ; Il monte, il descend, il donne des coups de pinceau et parfois de scalpel, il donne de splendides silences où l’âme se revigore, où le pianiste peut respirer sans soupirer. On a beaucoup glosé sur ses concertos en particulier le 2ème lors de création puis plus récemment le 3ème, mais sa musique pour piano solo est aussi vertigineuse et féconde en images. Pour qui se donne les moyens de l’écouter, elle atteint son acmé dans les « études-tableaux » où chacune des pièces se voit fondre dans les mélancolies qui peuplent notre passé.

Rachmaninov, tout comme Prokofiev ou Scriabine nous convie à la porte des rêves. Comme leur climat est impossible à vivre les slaves ont recrée un monde à leur portée, avec ou sans vodka. C’est étonnant d’observer comment ce peuple si « rugueux », brutal, pataud est capable des plus grandes sensibilités et d’une  finesse « impalpable ». Beaucoup des plus beaux orchestres philharmoniques, avant le renouveau musicologique baroque étaient en URSS et dans ses satellites. Il y avait une telle soif de liberté dans les chœurs comme dans les instruments que cela transparaissait. Les plus graves symphonies de Malher que j’ai entendu venaient de ce colossal pays.

Et bien moi je rentre, et sans ticket de retour. Ici-bas, j’ai trop fait le parcours de la haine ordinaire et de l’ennui rasoir, j’ai trop mariné dans un air sans âme jusqu’à me vider de moi-même alors que je n’avais juste besoin de Poésie.

Il y a peu d’autres qualificatifs que « flamboyant » pour définir la splendeur baroque de Vivaldi, Haendel, et une partie de Bach ; De Venise à Naples, l’Italie brillait de tout feu avec sa horde de musiciens religieux. Et commet ne pas évoquer Allegri et son miserere, musicien du Vatican qui a composé la partition avec la plus haute voix d’alto jamais écrite ni jouée. C’est si beau & raffiné qu’on oublierait presque que c’est un homme qui a écrit cela. La légende dit que Mozart est passé par là, en transcrivant la partition de mémoire (celle-ci était strictement cloîtrée dans les palais du Vatican).

Il est nécessaire d’aller à l’origine, si ce n’est la racine de Tout. L’ennui c’est que si on remonte l’histoire de l’Homme, on tombe nez à nez sur un babouin, malheureusement pas sur un ange. Flatteur.

Revenir, comme un philologue, aux racines de la langue et des mots doit être une grande école de la Vie, de la Pensée. Mais lourd en conséquence et porteur de vérités cruelles.

Sentiment d’impuissance devant le progrès technique alors qu’il me séduit et me fascine. Je suis équipé d’un matériel HI-FI haut de gamme, ça n’a pas de prix la Musique ; mon ancien ampli à lampe a lâché, j’en ai racheté un immédiatement à crédit, la seule créance que j’accepte sans sourciller c’est pour la Musique.

Je ne crois pas que l’on pourra jamais un jour composer un poème avec un processeur. Cela a déjà était fait par plusieurs courants littéraires et ce fut loin d’être concluant. Cela dit la machine était basique…

Inversement, ce qui peut être intéressant, c’est de lire et de relire certains auteurs et d’y trouver des occurrences qui s’approcheraient d’une écriture automatisée par ordinateur.

La logique des forces de l’Esprit n’est pas la même que celle d’une machine. L’Esprit humain n’a pas de limites mais il faut travailler sans cesse à se dépasser. Le corps humain de demain sera truffé d’électronique, de l’oreille interne jusqu’au sexe. Le cœur, le rein, l’estomac, le foie : tous les organes seront sous surveillance grâce à des micro-sondes qui enverront leurs informations aux serveurs de cliniques privées très onéreuses. Evidemment, l’égalité devant la santé sera mise à mal.

#############FIN POST SUR BLOGSPOT#############

Il y a des possibilités qui vont devoir être mis au rang de crime : le clonage doit être considéré aussi gravement que l’inceste. C’est toute la biologie, le génome humain qui volerait en éclat si un savant fou où des états décadents se lançaient dans cette injure à l’espèce.

Je veux absorber l’infini………………¥ C’est lui qui m’arrêtera, lui seul. Et sans un homme à l’horizon, avec une vraie solitude autour de mes reins, la pureté retrouvée.

J’écoute du tango et je me transporte à Buenos Aires, dont j’admire l’architecture.

En fin de compte, ce sont les villes étrangères qu’on visite qui nous marquent ou nous touchent davantage que les verts pâturages insipides qu’on laisse aux vaches.

L’architecture est une allégorie de la civilisation contre la cruelle lutte de la nature. Rousseau, rendors-toi ! Baudelaire, réveille-toi.

J’ai tout essayé.

On est un dimanche tout a fait comme les autres si ce n’est que je porte en moi tous les désarrois du monde. Je ne suis jamais allé au Brésil ? Qu’à cela ne tienne, j’endure la misère des favellas. Jamais été à Calcutta, mais j’ai pourtant une lèpre qui provient de là-bas.

Ma grande question existentielle aujourd’hui, c’est de savoir si je préfère le Pepsi au Coca~Cola… A vrai dire cela demande des papilles de gourmet et la préciosité est un défaut, une perversion et je suis trop écorché par mes nerfs pour pouvoir faire une « dégustation ». Quand aux vins, j’ai une bonne culture œnologique mais boire du vin me rend très nerveux, obsessionnel. Je n’ai pas le gène de l’alcoolisme. Quitte à me faire du bien je  serai un parfait opiomane (Au diable le H !) avec son rituel. Avec l’opium et ses dérivés semi-synthétique, vous n’êtes plus jamais seul, vous êtes en parfaite harmonie avec les choses et d’abord avec vous-même. C’est une réjouissance, un moment impeccable où le chagrin des amours lointaines s’estompent comme dans la brune de Turner.

Baudelaire a écrit une observation minutieuse sur les toxiques et surtout sur l’opium dans les « Paradis artificiels » et dans les dernière pages, il se paie une bonne conscience en décrivant les conséquences désastreuse des addictions.

Ce qu’il oublie de dire, c’est qu’il été toxicomane dur aux opiacés, et pas au Haschich, qu’il abhorrait. De 1850 jusqu’en 1867, date de sa mort, il s’est drogué sans le cacher puisqu’il en faisait état dans ses publications. J’ajoute que jusqu’au début du 20ème siècle la consommation de toxiques n’était pas réprouvée ou tabou comme aujourd’hui. Cf. l’excellent ouvrage de Liedekerke : « La belle époque de l’opium » qui analyse avec brio le rapport des écrivains avec les stupéfiants depuis le début du 19ème siécle.

De toute façon, tant pis, tous les paradis sont des artifices et il faut prendre beaucoup sur sa santé et son  portefeuille pour y accéder.

Angoissé perpétuel, comme je comprends son auto-médication ! Tous les créateurs se sont trouvés un jour devant la glace amaigris et pâles de travail et d’adjuvants. L’angoisse ronge les organes et démultiplie les maladies psychosomatiques en réduisant l’immunité.

Et puis la Vie c’est aussi la désinvolture, moments sans raisons où l’angoisse se transforme en petit cynisme. La vie c’est approuver ses gestes jusque dans la mort, quel qu’ils soient. Ecoutez le « Confutatis » du Requiem de Mozart pas celui de Gainsbarre. Vous comprendrez le sens du mot « Vie ». Il y a du Dyonisiaque dans ce morceau, curieux…

J’ai vu une année passer comme une comète, le seul été décent et récent que je revendique remonte à juin de l’année précédente. Depuis tout s’est effondré je ne sais pas il y a mon enfermement, ma solitude si pesante et tous les stigmates de la douleur. Voilà plusieurs mois que je quitte plus mon appartement.

Après tout, ou presque rien, et si la Vie n’était pas une traînée d’émeraudes le long d’un chemin bordé de dangers

Nous sommes des petits Poucet sur un chemin sinueux et crevassé. Pour ne pas nous perdre dans cet univers, où Alice est déjà passé, pour ne pas s’égarer nous semons tout le travail d’une Vie, dispersé le temps de serrer les dents

Il n’ y que Bach qui rapproche de la Mort avec sagesse et tranquillité. Vivaldi célèbre davantage la Vie présente, je pense. De toute façon, la mode était au plagiat libre service surtout entre ces deux maestri.

Et bien moi, je suis seulement à quelques notes, à quelques soupirs, à quelques mélodies du grand mystère.

La Poésie et l’écriture en général n’ont jamais été une catharsis pour moi ; au contraire l’écriture a acéré mes émotions, donc mes souffrances. Je devrais arrêter, pour me sauver la Vie, pour préserver ma santé et voir les autres un peu plus souvent, aller aux tuileries avec Caroline, la prendre en photo au mois de mai, lui donner du muguet,   VIVRE et pas Virtuellement !

Mais je n’offrirai jamais de la Vie du muguet à Caroline. C’est foutu et puis j’ai le cantus in memorian benjamin Britten de Pärt dans la tête à chaque fois que j’échoue.

Je n’aime que les poètes qui s’exprime avec un « je », je suis un fervent disciple du « je est un autre », tout le reste c’est de la foutaise, pour moi,  il n’y a pas de meilleurs livres que ceux qui proviennent de l’introspection et déchaînent les émotions avec une certaine violence, mais toujours contenue. Seul une violence retenue au fond de soi peu amorcer avec faste et brio une nouvelle création chez tout artiste. Un lot de consolation, au sens littéral, comme à la télé…s

J’ai bien conscience que c’est une notion baudelairienne pour l’Art de cultiver les failles de son système nerveux central, quelque soit le prix pour sa santé. Comme disait le vieux Schopenhauer, « la Vie n’est pas un panorama ».

Pessoa a écrit toute sa vie, de la prose ou des vers avec « je », et bien il a composé l’une des plus grandes littérature universelle, qui domine avec très peu d’élus le 20ème siècle.

Les réponses aux questions incessantes qu’on se pose – je parle des homo-erectus, les australopithèques passant leur vie devant TF1 et le télé-shopping peuvent passer ce paragraphe –  n’existent pas ici à la surface. Il faut aller les chercher dans un hors-la-Vie, derrière les portes et les excès.

À ce prix là seulement vous acquérrez une connaissance d’initié, si vous êtes prêts à en payer le prix. Beaucoup, beaucoup d’artistes y ont laissé leurs ailes.

Je suis passé mille fois à coté de mon Destin, je suis un raté, un déporté du Destin, c’est pour cela que j’écris et tant pis si c’est trop noir pour vous, allez donc voir la panthère rose elle vous aguichera facile.

On est pas dans un monde propice aux plaisanteries d’adolescents boutonneux qui ressemblent aux pizzas infâmes qu’un esclave en sens interdit sur sa pétrolette vous livre à domicile.

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Avant je tenais le coup, maintenant je ne tiens plus que le choc. Grâce à mon éther bagÓ

J’ai écris 4 romans de 150 pages avortés, pourquoi ? Ce dont je suis sûr c’est que je ne pouvais faire plus, aligner une ligne supplémentaire m’apparaissait comme un acte scolaire donc une imposture. Or je ne peux pas tricher avec la littérature, c’est un acte de foi, avec la Musique elle m’a tant donné…

Qu’est-ce que je peux haïr l’éducation nationale… De l’instit’ à tous ces profs de faculté intellectuellement lâches, se protégeant du moindre écart dans leur corpus, et émotionnellement recroquevillés. Si peu de créateurs sont sortis de l’université, ah si Alain avec ses pathétiques « propos sur le bonheur », un guide du routard pour étudiant dépressif.

L’opium est le seul remède que je connais contre l’infâme journée qui suit une insomnie. Comme dans toutes les belles choses, il se joue un paradoxe flatteur, car cet adjuvant redonne de l’énergie et réduit la pieuvre, j’ai nommé l’angoisse.

Les mélancoliques vivent dans leur passé ( « jadis » est leur credo, Ô combien j’aime ce mot qui rappelle le luxe fin de siècle, le mouvement décadent ), les névrosés dans un futur incertain et angoissant ; quant à ceux qui vivent dans le Présent intégral – les plus élevés spirituellement -, ils peuvent vivre sur les trois dimensions temporelles,  ils sont des anges ou des Dieux qui ont quitté la damnation de la Pensée, où leur langage prend pied à chaque chemin parcouru dans cette béatitude qu’ils ont enfin atteinte. Dans l’Hindouisme on parle du  Soi, que le brahmane atteint par de longues méditations ; cependant des sages contemporains comme Maharshi ont pu rejoindre le Soi, sans aucune prière et sans initiation, par une illumination fort troublante. Une grâce ?

« Fragment, zapping et inconséquence », (titre d’un article de Thomas Schlesser).

Passer d’une émission sur la passion du Christ à un film porno, d’un DVD- ROM bourré de MP3 à peine lancés que déjà aux oubliettes, ce qui fait que la Vie est devenu un juke-box où rien n’arrive à terme parce que le plaisir recherché sans cesse dans ce « monde de l’information » n’est jamais rassasié. Dans le « système des objets », il faut du toujours nouveau, toujours neuf, toujours jeune.

La littérature, quelque soit sa qualité a vu  naître une nouvelle écriture fragmentaire qui culmine qualitativement avec Cioran.

Le roman n’en finit plus de disparaître, il ne disparaît donc pas, pas totalement parce qu’il reste des vieux pour les lire avec la bénédiction de l’Académie Française, sans oublier que l’édition mise gros sur certains romans à l’écriture calibrée selon les saisons.

Le seul mérite de l’Institut, mis à part la vente salvatrice de pin’s et de déguisement dorés, c’est leur conservatisme. Notre époque troublée à besoin de freins pour ralentir sa course au virtuel, à l’atomisation du réel, et donc de la langue qui disparaît sur Internet en une sous-phonétique monstrueuse qui risque de faire disparaître le langage tout court ; et pas seulement la langue française.

Bientôt on conjuguera la Vie avec des grognements.

La panne informatique ou l’attaque virale est la hantise de toutes les institutions et grosses firmes. Dans le monde technologique, c’est vrai aussi pour la platine DVD et le PC (ou le mac) du salon, le réveil de la chambre, le lecteur MP3 du métro. Pour ma part j’ai eu des frayeurs, des effrois à me vider le sang de ma tête lorsque mon disque dur de documents a crashé, emportant dans le néant plus de 70 textes rédigés lorsque j’avais 13 ans. Perdre de l’information stocké sur une unité disque, c’est perdre désormais un prolongement de soi-même.

En voiture, après le moteur, tout est de l’électronique embarqué sans parler des processeurs qui cherchent par exemple à gérer la consommation d’essence.

Tu tombes en panne : tu n’as ni transmission cassée, ni boite de vitesse HS, mais un transistor ou un condensateur qui a joué au con. Il n’y a rien à faire tu es sur la bande d’arrêt d’urgence du périphérique, tu sais que tu n’as environ que 30 minutes d’espérance de vie donc : il va falloir appeler des techniciens qu’on appelle plus garagistes, c’est bien trop suranné. Vu ton état de détresse tu donnerais n’importe quoi pour sortir de là. De toute façon tu sais que tout ce foutoir te vaudra tes vacances aux Seychelles. Ta journée est foutue et tu as envie de tuer quelqu’un ou de braquer la Peugeot bleu nuit qui se pointe qui n’est autre que ta voiture, mais tout option. Tu te dis que c’est l’horreur et ça n’arrive pas qu’aux autres. Tu es au centre du monde, tu as chaud, mal à la gorge, la bouche sèche, et les yeux électrifiés. Tu sais qu’il va falloir attendre, maintenant

Je n’ai jamais travaillé, je ne sais pas ce que c’est il y a des choses comme ça que je ne connais pas je ne connais pas le Bonheur aussi, j’ai pourtant lu toutes les définitions des dictionnaires ; Saudade, Spleen, curieusement c’est étranger – nul n’est prophète en son pays –  mais je connais. Le Bonheur habite à ma porte mais je ne l’ai jamais reconnu, dévisagé ou envisagé.

Je n’ai jamais travaillé bien sûr j’ai déjà travaillé j’ai fais semblant comme si j’étais à l’aise j’allais renifler du sucre brun dans les toilettes et me protéger de la vermine qui hantait les quelques firmes ou j’officiais comme rédacteur publicitaire. En sortant des waters enchanté par la misérable héroïne coupé au talc et à la caféine le monde redevenait un ordre établi, je pavoisais dans les couloirs sans avoir besoin de personne, sans ce vouloir-vivre criminel, la chimie gommait pour quelques minutes mon destin biologique, et les pisseuses de la ‘com m’apparaissaient comme des petits playmobils très très détendues de loin vite raides de près  derrière leur Mac.

Jean Cocteau, Opium, Journal d’une désintoxication, 1930 :

« Certains organismes naissent pour devenir la proie des drogues. Ils exigent un correctif sans lequel ils ne peuvent prendre contact avec l’extérieur. Ils flottent… Ils végètent entre chien et loup. Le monde reste fantôme avant qu’une substance lui donne corps.(…).

C’est une chance lorsque l’opium les équilibre et procure à ces âmes de liège un costume de scaphandrier. »

Les surréalistes ont payé un lourd tribu au suicide, Rigaut était un jeune homme brillant, avec un charisme éthérique qui a décidé du jour de son sommeil, et qui s’y est tenu jusqu’au bout. Il déclara aux surréalistes : « Vous êtes des poètes et moi je suis du côté de la mort. »

Drieu qui aura le même sort composera un texte bouleversant intitulé « Adieu à Gonzague », et puis « le feu follet ».

C’est fou, cette absence à soi-même ou aux autres qu’on peut avoir

Je n’ai jamais travaillé j’ai beaucoup écrit passé des heures à voir passer je terrassais les cafés des beaux-quartiers de l’ouest parisien voués à la transformation vers le « hype », où tout est lisse, cadré, sépia et bien sûr, évidemment, CONCEPTUEL.

A la cafétéria je feignais le « mec cool »  malgré mon vertige permanent en pleine crise de schizophrénie derrière la palissade de la conscience dans mon sentiment de désastre avec tous ces fonctionnaires de la pub, ces démiurges du point virgule qu’on appelle « créatifs » et qui pissent sur ce qu’ils font mais qui font ce qu’ils pissent, « j’fais ça en attendant », « tu penses bien que c’est temporaire, j’ai un roman sur le feu ».

Ils crachent tous dans leur soupe. Et moi j’avale cette soupe.

On ne peut pas tricher avec la Vie, il y a peut être peu de spectateurs au spectacle, personne pour vous voir et c’est dur, c’est tendu mais il y a un rôle à jouer et jusqu’au bout.

Cioran est estimé admiré, détesté mais jalousé pour la spectaculaire et superbe agilité avec laquelle il manie la langue française. Il a été plusieurs fois pillé et souillé par un « auteur » bien-pensant d’une très influente maison d’édition. J’ai été révulsé et je vais le mettre face à ses méfaits minables. Et face au tribunaux en prévenant les détenteurs des droits de Cioran concernés.

Cioran est allé au bout de son absolu d’où le vertige qu’il exerce. Il est maintenant un pilier qui fait tenir debout les plus grandes maisons d’édition et n’en finit pas de brouiller les pistes au sujet de ses droits, revendiqués de partout ; les hyènes sont de sortie.

C’est un fils de Nietzsche, l’un des nouveaux maître de la négation.

Il viole le diable bien qu’il soit du côté du démon.

Cioran n’a pas cherché à être haï, mais il avait une véritable indifférence face à la reconnaissance, à la célébrité, et c’est assez rare pour ne pas, discrètement et sans chapelet, lui dire merci. Ni fleurs, ni couronnes, ni soirée au Queen pour lancer une parution.

Je vis dans l’effroi du bruit et dans la volupté d’une seule note jouée avec Amour

La Vérité c’est quelle tourne autour du pot sans jamais se révéler, toujours et encore en fuite, la Vérité est un faux-papier ridicule, regardez ce filet sans dimension et sans spirale.

Quand une télé devient lisse et faussement créative, il faut la supprimer d’un coup de télécommande.  Et l’écraser avec des talons aiguilles.

Quand je pense et je pense et je pense qu’on aurait pu exister sans incarnation, dans des reflux et flots symboliques, fluet et agile, nous serions restés cependant immobiles comme tous les autres Dieux.

Dieu est la synthèse parfaite entre le mental et le cœur, l’affect. Il s’agit de vivre le Soi, entité qui n’en est pas une, qu’on ne peut définir et qui est du côté de la Poésie et bien loin de la pratique. La Poésie est une énergie intarissable transparente, impalpable et qui se moque bien de savoir si elle existe. Elle a à faire avec la Vie, elle la prend par les cornes pour ne plus la perdre sans relâche.

Il n’ a  rien à faire contre l’aboulie, je sais de quoi j’écris. Il n’y a rien à faire du tout, je ne crois pas à la violence perpétuelle et quotidienne, ce qui est différent de « prendre l’habitude ». Il faut attendre, comme si on attendait une correspondance entre deux vols, allongé absurdement sur un banc privé d’aéroport.

On peut prendre certains neuroleptiques également, comme un Solian 100 mg,  ça peut aider à rompre la trouille qu’on a jusqu’au ventre.

C’est dur tout ça, ne rien faire et pire, ne rien pouvoir faire est un enfermement pendant lequel on donnerait tout pour sortir, agir, fuir.

Il y a la culpabilité aussi.

« Si ma sensibilité me conduisait à une action je serai sauvé. »

Jacques Rigaut, Ecrits.

Cet aphorisme résonne en moi comme une cible, une vérité ajustée à mes Vies.

Je ne regarde plus la télévision, je ne regarde que des films ou des documentaires mais rien de « diffusé ». La télévision est un média-canapé-pizza qui impose ses émissions, ses reportages, sa publicité agressive à l’image comme au son,  son information avec une politique éditoriale lamentable à part ARTE qui sort du lot.

Toute l’info est systématiquement orientée vers le grand spectacle. Les journaux télévisés véhiculent, derrière une idéologie solide et souvent antagoniste quasi chaotique, des messages, des images qui veulent jouer le jeu de la peur et du sordide. Les jeux télévisé en prime time…j’en ai la nausée.

La télévision et les sociétés de production avec qu’il elle cohabite imposent avec une particulière autorité une politique, une opinion où vont se vautrer ces même braves moutons qui vont au match PSG-OM.

Pourquoi, je cherche à savoir, pourquoi tout est nivelé vers le bas, vers la boue, vers la merde ? Est-ce qu’on est pas tombé assez bas ? W Les gens qui oeuvrent vers le Bien, la Bonté et la qualité sont là, mais reste des femmes ou des hommes de l’ombre. De l’Elysée jusqu’à l’artisan de quartier.

Avec Internet on reste actif, et en écartant les grands dangers d’une navigation sans boussole de clic en clic, si la consultation et la recherche des pages est maîtrisée, alors le Web peut offrir un champ de connaissance formidable où on peux interagir, réagir sur des forums, échanger par email avec des rencontres faites dans le monde réel. Quand je pense à tous ces visages et ces échanges mis en pièces avant 1998 où le mail avait déjà du succès grâce à son faible besoin de débit. Et puis ceux avec qui j’ai pu garder contact grâce aux vidéo-conférences, et prendre un vol vers l’étranger dès la première case vierge de l’agenda.

Si je n’avais pas l’ email, je serais quasiment seul.

Bientôt je partirai en province perdue, mais uniquement si il y a une liaison internet assez puissante. Les campagnes vont se repeupler grâce à la révolution des échanges bien que rien ne remplace le contact humain.

Certains de mes amis ne comprennent pas pourquoi je suis devenu moins sociable, que je quitte peu mon antre. Mais bon sang je veux écrire écrire écrire je me le dois et les cafés ne sont plus propices à la création, mais à l’ennui. Et puis quelle perte de temps que de partager son énergie avec une grande majorité de gens, qui sont si pauvres, diantre, quel ennui ! Je suis tellement mieux dans les tréfonds de mon âme à partager le ciel étoilé avec les mirages de mes rêves…La solitude à plusieurs est un supplice.

L’important est de s’accorder une vraie rencontre chaque jour avec un ami, où bien tuer de séduction une passante et lui déclamer tout ce qu’elle n’est pas et qu’elle craint et la rassurer. Tout le monde attend quelqu’un de toute façon, quitte à surprendre, allons-y sous les feuilles mortes et un poème de Shelley…

Je me suis surpris en train de rêver, pardonnez-moi, il faut que continue à régler mes comptes, à écrire, que j’aime si ce n’est que je préfère la Musique et l’onirisme à Tout.

Je m’écartèle de partout. Textuellement c’est la déroute, trop d’informations à la seconde et cette fatigue sans nuits à l’horizon, cette peur de dormir, ce deuil de quitter le jour, cet automne qui s’annonce avec sa terre boueuse et gluante.

Où en est ma tombe de rock-star des lettres ?

Je n’entends pas la musique, et de loin je l’écoute consciencieusement, avec gratitude je me mettrais bien à genou avec des offrandes.

Je l’écoute JE LA VIS sans analyses ni de plongées intellectuelles,  vers une musicologie avec permis de démolir ce mystère contigu à l’univers.

Si le silence existait, j’oublierais à jamais la Musique.

Le silence, c’est le privilège et la solitude des riches.

La pollution urbaine la plus vilaine c’est le bruit intempestif, continu et toujours relayé par un autre. Si ce n’ est pas le marteau-piqueur c’est  une alarme de voiture, les poubelles de la sortie de crèche et les monstres qui vocifèrent de la rue jusque dans mon antre.

Il faut trouver toute une ligne fuyante, feinter le prix de la nuit blanche qui nous laisse des absents maladroits sitôt l’aube descendue., et tout en pouvant  se regarder devant la glace ; voir jusqu’ où on peut aller. La peau chagrine à chaque débauche !

Voilà, à cause de vous, je ne sais plus ce que je veux dire !

C’était peut-être une perle sacrée (la chose que je voulais dire), la maille aurait glissé sous un vent ouaté et sans parasite pur comme l’azur la vous me donnait à écrire  mais l’argent m’aurait donné le confort d’une 1ère classe, sans papiers gras et monstres qui pignent le long du trajet.

Je veux une Vie en 1ère classe pour la bonne raison que je n’ai pas les moyens pour me la payer.

Quand je suis tout seul, c’est à dire depuis une éternité me voilà que Guillaume Hoogveld (ghoogveld@club-internet.fr) me parle dans ma tête. Et il ne m’injurie pas du tout sa voix se perd dans de sanglants engourdissements intellectuels où les mathématiques détrônent le verbe aimer dans une équation fatale.

Je serai de gauche quand j’en aurai les moyens.

Je vis dans la panique du bruit (jusqu’au rapport signal/bruit de mon ampli Hi-fi), je vis dans l’effroi d’un cri d’enfant, d’un gosse qui court dans tous les sens contraires, je vis mal le parasite qu’est le bruit.

Je crois que c’est mon amour de la Musique «  du bruit qui pense » selon Hugo qui est responsable de mon hypersensibilité aux bruits. Le problème avec cette sentence d’Hugo, c’est que je n’accorde aucun crédit intellectuel à la Musique qui se veut novatrice, et très souvent dissonante comme celle de  Messiaen, Dutilleux, Penderecki et tant d’autre. Je veux jouir de la Musique comme un consommateur pour m’apaiser, et je veux qu’elle frappe d’abord mon cœur et après seulement mon intellect. Après plusieurs écoutes en boucle, parfois la structure et l’idée qui précède le son me parviennent.

Il est heureux d’ailleurs, qu’un compositeur arrive à conjuguer la Création et la Technique. Je pense à Bach évidemment, ses Passions : le sommet de la rencontre de l’Esprit et de la Raison. Toute l’époque baroque je pense, se fie à cette contrainte. Elle correspondait à l’ordre et à la hiérarchie sociale ainsi qu’à la religion qui inspirait les musiciens et ravissaient les princes et autres monarques.

Quant au peuple, ils bouffaient du grognement de cochons.

J’ai du chagrin. C’est un très beau mot ; comme Jadis. Je me demande à quoi ça sert. À inspirer les poètes ?

Aujourd’hui je suis fier, j’ai agi, mon index a changé de chaîne de télé avec la télécommande.

Je suis celui qui n’était pas au rendez-vous où on l’attendait.

C’est désespérant d’aller se coucher, là, comme un clébard qui va perdre ses poils dans sa niche, putain, je le crie je l’écris sur vos visages, c’est du désespoir !

Je réclame ma ….ème nuit blanche mais je ne veux plus passer à la caisse à l’aube.

Je veux prendre un jet privé pour être tous les jours demain, en étant synchronisé sur les fuseaux horaires, en remontant toujours et toujours sur l’éther en remontant vers le soleil enfin

Le désespoir ne me prend pas, il me surprend et c’est pour ça qu’il est diabolique. Tout ce qui surprend modifie l’équilibre, modifie ses appuis, la gravité, la satanée gravité que je sodomise avec le plomb que j’ai dans la tête

Tu sais, je viens de Saturne et c’est lourd à la fin au début aussi c’est lourd à porter c’est loin

J’ai envie d’une héroïne montée en amazone par un cheval tout blanc

J’admets la maladie, je n’admettrai jamais la souffrance, morale ou physique. C’est de la saloperie pour nourrir les Dieux. Je préfère d’une éternité l’opium à la croix. Je n’ai pas de réponse, peut-être est-ce du au christianisme et ses accès de masochisme mais l’homme a une pudeur à jouir, à être bien naturellement. Les religions sont toutes haïssables, elles contrôlent le débit de la Peur en chacun de nous pour mieux nous gouverner. Le totalitarisme fait la même chose, les communistes comme les fascistes qui se sont quand même tendu la main. Le pacte germano-soviétique est oublié un peu vite. Enfin je suis naïf, l’Histoire n’existe pas : interprétations.

J’aimerais pouvoir dormir en appuyant sur OFF, j’aimerais dormir hors-champ

Ma passion évanouie pour les drogues était un paradoxe où j’offrais tout mon cœur et mes veines à la plus sale altérité. Un miroir où je voyais un autre.

J’attends le jour où l’état civil mettra un accent circonflexe sur mon nom, pour me protéger des coups de couteau des islamistes et de la pornographie des occidentaux.

Voilà 15 jours que je pallie à ma maigreur avec un grand succès. Je ne mange plus, je bois une émulsion buvable hyper-protéinée et calorifique, j’ai pris 4 kilos en une semaine et je suis beau mais alors je suis beau :

La Vérité n’existe pas : je suis au monde ?

C’est normal que je sois un fou (du roi cependant) puisque je remets tout en question même mon propre « JE ».

Essayez de vous conjuguez au conditionnel puis au présent ; le fossé fait des dégâts. Le présent n’aime pas le culte du moi. Encore moins en littérature, où beaucoup d’ auteurs utilisent le tu à l’indicatif présent.

Erreur docteur ! Pourtant, la seule façon de réaliser sa Vie sans anarchie c’est bien « d’être » à ce qu’on fait, il n’y a pas d’autre choix dans la Vie. Si c’était vrai en Littérature, Proust, Pessoa ne seraient pas dans les éditions les plus prestigieuses. Pessoa ne fait qu’interroger sa mémoire, Ne vit-il pas seulement pour avoir des souvenirs ?

Moi je ne vis que pour me souvenir, et idéaliser…

Le présent n’a aucun avenir. Il ne vit que pour être le matériau d’un futur antérieur. Il faut faire le deuil du présent et aller pleurer dans son enfance avec une Gymnopédie d’Erik Satie.

Je commence ma journée par allumer la lumière

Je la termine en appuyant sur un revolver

Il y a ordre implacable dans la Chaos. Ne serait-ce pas l’ordre lui-même qui ait accouché du Chaos ?

Plus la Vie est légère, avec des contraintes bien vécues, avec un succès auprès des autres

Plus la vie est grâce, Plus la mélodie est enchanteresse,

Plus la Beauté progresse

Plus je crois,

Plus je sais que nous nous reverrons, vous et moi.

Je ne crois pas au bonheur, je crois à un après-le-désespoir, à un avant et après effondrement dans le temps.

Je suis tombé mille fois sur la Femme de la Vie

J’ai chuté contre elle tant de fois…

On ne rêve, on ne médite que par rapport au réel, par confrontation au vécu, en s’écorchant à la rugueuse réalité dont on fait chaque jour l’expérience, parfois juste le temps d’un soupir…

Depuis que le Réel a disparu derrière la grille du virtuel, tout est questionnement, doute, remise en ligne. Le virtuel s’infiltre dans les pores entre deux 0 & 1.

J’étais déjà un décroché du réel et voilà que le monde s’en va à son tour dans les paradis et les enfers virtuels…

Comment va t-on faire pour s’y retrouver ? La peur tenaille les mecs de l’immeuble défiguré par les éclats de Réalité qui eurent lieu à la fin du Xxème siècle.

Je ne pensais pas qu’on pouvait avoir si peur avec un tel changement, j’avais sur-estimé la résistance de notre système nerveux, prêts à imploser, en tension constante, à flux tendu.

Où est l’Amour devant tous ces écrans et ces capteurs ?

Dans le virtuel, l’Amour est envisageable, mais pas automatique, encore moins nécessaire.

Quant au Bonheur, on n’a pas pu l’isoler, le quantifier car il est toujours trop instable, mystérieux, insondable. Même virtuellement il est vicié.

Un bouquin, il faut que je le massacre avant d’y prendre goût, surtout un bon recueil de poèmes contemporain qui fait ressembler la frileuse collection blanche de Gallimard à un tableau raté et pété de Basquiat. Au fait, où en est-il depuis son overdose d’héroïne ? Est-ce qu’il gère ses toiles sous la peau d’un autre noir…blanc ? Pourquoi pas…

Je guette l’armistice en pesant le plomb que j’ai dans la mâchoire acérée si serrée mes dents sont limés plus de canines offensives le squale qui voulait m’engloutir a trouvé mieux que moi, un bikini déjà griffé Thierry Mugler, c’est la panthère rose qui pisse le sang et c’est moi qui fout le camp

Balance du chant grégorien à un rappeur, il deviendra soluble et déshydraté  et battra en retraite entre deux braquages de samples.

On ne rêve qu’en étant réveillé puisque c’est dans le sommeil que nous vivons.

J’avais une idée, toute séraphique, elle s’est envolée. Tant pis pour vous tant pis pour moi je ne sais plus quoi.

Ce sont les livres qui viennent à nous, tous les jours de nos vies les livres viennent nous bercer, du toucher à l’émotion, de la matière jusqu’à l’Esprit, ce sont les livres qui parlent à nos nuits.

Finalement on a vu la mort lui passer sur la gueule ; et qu’est-ce qu’on a fait ?

Les écrivains qui m’ont rendu fou de bonheur par le style de leur lucidité (paradoxe ?), leur élégance enchanteresse m’embarrassent par l’absence totale de femmes dans leurs écrits, fiction ou non, pas un mot pour le Beau sexe : Pessoa & Cioran, allez vous branler au piquet.

Voilà des heures que je n’ai fait rien. Depuis 29 ans en fait (et en gestes). Je ne fais que dans ma tête là où elle tremble, s’agite, se tord et se vrille, se défonce et se malaxe, dis toi t’as déjà vu ça quelque part ?

J’étais un homme qui dortÓ, je suis un homme qui rêve. Parfois des grands frères, frères d’arme, d’épée & de sang viennent à ma porte sans prendre l’ascenseur pour me sortir de la fixation. J’adhère à l’idée mais l’idée me sidère

J’ai juste besoin qu’on me donne le sein mais du vrai

Je ne veux pas de contrefaçon surtout pas à la maison surtout pas

Je veux qu’on m’attende là où le temps s’arrête j’aurai mon passeport à la main, un désespoir certifié iso 9001 mais une furie de Vie à détrôner les cours de toutes les bourses planétaires à prier pour un Krach te voir deux fois qu’une 1929

Je pense à tous les enfermés les encastrés boulonnés du matin boulonnés du matin jusqu’au soir               tristes assassinés

 

J’ai le Symptôme GoogleÓ. Au moindre doute j’éclate un abcès d’ignorance en tapant mes mots clefs sur le moteur digital qui sait si bien s’y prendre avec moi.

Je suis arrivé après les fêtes. C’est de ma faute, les seules véritables fêtes auxquelles j’avais rendez-vous étaient imaginaires…Seules fêtes sans masques…

On apprend seulement lorsqu’on n’est pas à sa place ; ça fait mal, bleus, sûr, ça lance

Et toi étais-tu à la place du pilote quand le vol a dévié vers les tours de Babel ?

Tout ce que j’aimerais dire que je me dis pour Moi, que je pense vous apprécieriez prendre connaissance, en rire ou en pleurer mais bon sang hémophile pourquoi il faut retenir sans cesse la bride se contenir s’inhiber  Moi

J’ai envie de tacher à l’indélébile vos gueules inopérantes portées par un axe robuste avec ce face à face effrayant, ce duel endimanché sans panache avec son écran plat le premier réflexe du cadre qui transpire : allumer son ordinateur et récolter ses mails

L’information se substitue au blé

Derrière l’écran, alors, rien ?

Le futur. Nous sommes condamnés à vivre dans le futur. Toujours harcelés mis à terre par l’horloge, ce « Dieu sinistre, effrayant, impassible qui gagne sans tricher »p

On a trop tiré sur la corde des libertés, sans doute depuis 1968. Je suis réactionnaire puisque je réagis, littéralement. Je ne suis pas conservateur, puisqu’ avec l’inversion des valeurs, les conservateurs se trouvent à gauche sur l’échiquier politique.

Je suis pessimiste, on ne peut faire demi-tour, l’Histoire a tranché. Il faut aujourd’hui considérer que ce monde sans Dieu ni Marx, mais sur-gavé d’une bouillie d’informations commerciales est amené à se saborder uniquement en se regardant dans l’optique diabolique d’une caméra.

On tue un homme avec une caméra. On le balance hors-champ sur le champ

TOUT a toujours été le bordel. Où allons-nous ? il n’y a plus de saisons ! Il n’y a pas de pilote dans l’avion…2000 ans qu’on ramène ça sur le devant de la porte

Je n’ai pas toutes les endorphines pour vivre

A temps…

Ma fascination pour la technique est à la hauteur de l’angoisse qu’elle me procure. Nous sommes promis à des machines incertaines.

À des flux tendus.

La souffrance c’est encore ce qu’il y a de plus court mais ça désitègre la Vérité. Avoir mal, puis avoir peur c’est saigner, suinter vers un jugement

N’avoir rien commencé à l’heure c’est au moins l’assurance de tout finir à temps.

Et moi le mélomane intoxiqué de décibels baroques qui vit dans le hasard des cacophonies chimiques…Tu m’entends ? (Roger Waters, « Hey You, The Wall »)

J’ai arraché à la société un recueil de poésie, un  Livre, je suis donc quelqu’un j’ai un ISBN irrévocable j’ai des papiers je n’ai plus besoin de ma carte de transit j’oublierais presque mon sang lourd de bâtard batave

Je me fais mes opinions politiques avec le hasard, avec ma chienne Minimati, ou alors parce que j’en ai envie et qu’il est beau celui-là…

Pourquoi la droite, pourquoi les longs faisceaux en or massif du fascisme italien ?

Pourquoi le fascisme a-t-il inventé l’esthétique en politique ? Pourquoi leurs costumes étaient si bien taillés ? Pourquoi leurs armes de poing si féminines ? Les nazis, c’était le baiser du diable. Souvenez-vous. Pourquoi de si belles voitures, drapeaux, tapis rouges, avenues ordonnées, autoroutes infaillibles, rails vers le désastre ?

Pourquoi Dieu était absent ?

Pourquoi le socialisme moderne est si pathétique, hypocrite, mal dans sa peau à l’idée d’expulser des papiers sans hommes ?

Et pourquoi suis-je si réactionnaire et à droite si faible et seul et si dépressif chronique, ce qui est assez pour ne pas voter à droite, voire à l’extrême droite pour « foutre le bordel ». N’est-ce pas les fascistes qui éliminent les faibles, les écrivains, les penseurs, les poètes ?

Je suis poète ou SS ?

Pourquoi suis-je à droite, et farouchement européen quand même, croyant au génie français, et tout penaud devant mes racines néerlandaises.

Il y a tant  faire partout tout peut t’arriver, tout peut surgir du néant, de la terre, retourner à la Terre, derrière la maison familiale de Ste Marguerite de Carrouges que j’ai bien connue juqu’au souffle de l’effroi quand la mort vient frapper l’enfance quand l’enfance reste et ça en veux plus rien dire car tu as un corps d’adulte et une intelligence  largement plus ample que les autres adultes mais tes émotions sont fébriles fiévreuses, comme habitées par un passé qui réclame le solde de tout compte.

Il y a tant à faire que tu ne sais pas par quoi commencer à ne rien faire ne rien faire du tout. C’est bien connu quant t’as tout, t’as rien. La Vie c’est du contraste entre l’enfer et le jardin des délices. Pour y accéder, tu dois finir le livre que tu sais essentiel, pas brillant comme tous les autres, pas flamboyant avec une écriture d’honnête d’homme.

Pourquoi n’achèves-tu pas tes travaux alors qu’ils te sont si chers. Sans doute parce que tu préférerais oublier avec des stups, voir visiter les plus belles et capricieuses villes qui couvrent la planète, tu veux l’univers dans ton ADN. Tu l’auras t’en fais pas.

La patience obtient Tout, disait Ste Thérèse d’Avila.

Où finissent nos échappées ? pourquoi c’est la fin de tout qui t’intéresse ? Pourquoi cette paix soudaine, ce soulagement, l’éjaculation des pauvres, pourquoi tu penses à la Rue avec ses déshérités ? T’es pas bien là, avec ta petite femme bien apprêtée, rigoureuse mais tendre aussi mais ça tu te ne le vois plus maintenant tu as besoin d’un nouveau voyage vers une mer que tu étreindrais.

Ecrire peut-il être une jouissance. Pour un romancier qui fait carrière avec son plan et ses personnages bien établis, et une signature au Flore je le conçois. Mais pour un poète, là c’est très délicat.

J’écris de la poésie mais je ne sais pas ce que c’est.

parce que j’en ai besoin, mais comprenez-moi, ça me fait mal, il ne faut pas se retourner sur soi, son passé. C’est un horizon, une donnée qui a traversé tous les âges, et cela nous ramène au paradis perdu de l’enfance et la fêlure qu’elle créée lorsqu’on lui tire maladroitement sa révérence.

Il faut faire le deuil de soi pour ne pas traîner un boulet toute sa vie.

Si, nous sommes bien au monde.

J’ai acheté un des plus performants casque audio pour baladeurs numériques, dit « casque intra-auriculaire ». C’est époustouflant, les basses fréquences vibrent jusqu’aux aires les plus primitives de mon cerveau, toute ma tête est irrigué d’un bonheur à la hauteur de la distance que je m’éloigne de la société, du monde urbain, et des Hommes. J’ai aimé les Hommes. J’ai aimé parler avec eux, les écouter.

Maintenant c’est fini.

Je n’ai plus d’amis.

Je suis seul.

Sans chihuahua qui a terminé sa course dans

Et le lecteur MP3 continue de faire tourner les octets compressés. Et je n’entends pas le cri de ma mère qui pleure et je n’entends pas ma sœur qui            je n’entends rien je suis assez bien comme ça j’ai des souvenirs assez d’images pour écrire des poèmes jusqu’à mes 100 ans mais 100 ans vous rigolez moi c’est vivre intensément et se suicider jeune. Je n’ai pas besoin de famille j’en avais besoin et maintenant ?  j’ai beaucoup pleuré souffert que je suis devenu le fantôme de mon inconscient

Chers lecteurs, j’étais absent, mais la vie est un rêve un petit règne où j’avais mon trône  de velours bordeaux et quelques maigres fidèles.

J’ai 30 ans. Est-ce qu’on a la place, assez de liberté de vitesse d’intensité je n’en sais foutrement rien

Ce que je sais c’est que j’avance sur la crête du temps, borderline qu’ils disent les toubibs en me foutant dans un espace symptomatique contigu.

J’étouffe là-dedans, et je n’arrive pas à vomir la clef à gerber ma liberté

Je vois bien que mon itinéraire vers les dernières veillées de l’Occident se réduisent, s’amenuisent. Je suis prêt à incarner les plus belles promesses, avec de pleines possibilités mais l’aboulie me démet.

L’ennemi sans icône, évanescent, c’est le Temps.

Je finis tout, fidèlement, mais je ne commence rien. Epatant, non ?

  • Qu’est-ce qu’il y a de plus dangereux pour une société ?
  • L’angoisse, l’atomisation des consciences et l’aventure personnelle & perpétuelle qu’elle engendre. L’angoisse fait courber l’échine à tout un chacun et donne des coups de surin à nos appuis en glaise fade.

Essayez-donc de tenir debout, c’est ça l’Angoisse ça te ramène au primate insidieusement et le seul remède ce n’est ni les pilules, ni les cachets, la meilleure façon de marcher avec l’Angoisse c’est peut-être la carte de crédit…qu’en pensez-vous, vous les angoissés du petit matin, les angoissés du crépuscule, les angoissés de la nuit totale ?

  • Qui peut dire qu’il a vu l’Angoisse en face ?
  • Moi, j’écris de la Poésie, et je suis administrateur réseau. A chaque moment, je sens que je peux craquer à cause d’une erreur de droits.

La prochaine vie sera derrière l’écran.

Dans les deux auteurs qui me font vibrer le plus au monde, Pessoa et Cioran, tous deux de brillants maîtres du style, il y a une occurrence qui casse le mythe, c’est l’absence quasi totale de femmes dans leurs récits. Peut-être que s’ils avaient écrits un roman…à moins que cette absence d’hymnes ou d’injures au second sexe ne soit la traduction d’un avenir

davantage gorgé du déclin du  monde occidental en déclin où les hommes ne savent plus aimer et vont jusqu’en Asie trouver la perle de leurs minuscules boîte à jouir. Que c’est triste !

Il y a chiens pour l’Amour, non ? Des caniches de tout poils !

  1. Première page du « Voyage » de Céline…

Ça va pas Georges, on peut pas se voir demain….même si tu exposes au louvre, et même si tu es franck Mack, enturbanné des auréoles de tes succès avec une critique unanime pour saluer ta griffe uniforme, aiguisée par un beau taille-crayon Allemand.

Georges, on ne peut pas se voir demain.

Demain à 11H, je me suicide.

En attendant je m’en vais babouches aux pieds remettre de l’ordre dans ma chambre, et ses murs qui ont nourris mes angoisses à fur à mesure que les fêlures du plafond prenaient du galon. C’est à partir de ce moment là que j’ai décidé de vivre à la verticale.

Je m’en vais, je suis fatigué d’être une ombre, un simple exécutant. La Liberté est donnée à ceux qui savent la trouver, mais aussi la porter, la mettre au monde sans bains de sang. La liberté ressemble à l’horizon d’un barillet, enfin ça n’engage personne d’autre que moi…

Quand je pense à certains mots ( « mot » étant déjà un substantif qui appelle à son vice caché, les maux) comme destruction, ruine, et tant d’autres portés vers le Mal, c’est une véritable remise en marche qui s’opère en moi, mais toujours au niveau du langage. Les casseurs

Je ne sais plus ce que je dois faire à part souffrir.

Cette année, j’ai fait une étrange découverte : la mort. La mort qui se rapproche de mes amis, la mort qui se rapproche de moi. Je l’attends, avec la dernière fugue du « clavier bien tempéré », je l’attends de pied ferme, je m’y attèle, je n’ai pas peur j’ai un peu mal est ce qu’on a tous mal ? Est-ce que nous portons tous en nous la croix ? Un jour sur deux je le pense selon la couleur de mes nuits et la profondeur de mes songes.

Je suis plus riche que l’OPEP j’ai beaucoup de ressources, je suis éternel mais je fore au mauvais endroit

Sans doute je rêve sans doute je vais trop loin alors tant pis mais la vraie révolte n’est-ce pas de rejeter nos noyades mélancoliques, n’est-ce pas un hors la vie ? J’ai souvent ces lignes de Houellebecq en tête : « Notre malheur n’atteint son plus haut point que lorsque a été envisagée, suffisamment proche, la possibilité pratique du bonheur. »

Après, c’est l’effondrement des cartes.

Ca y est j’ai tout lu, avalé broyé Cioran, tout ce qui était sur papier édité, tout ce qui était édité. Me voilà atteint de Saturnisme.

Je me gave d’illusion jusqu’au mal de mer, mais que dis-je, je n’ai pas mal à cause de la mer, ni de la terre, je n’ai mal que de moi et de tout ces cons qui n’ont conscience de rien à commencer que nous ne sommes rien, que toute conscience projette une illusion. La seule pincée de réalité, c’est la souffrance, l’incomplétude, nous ne sommes vrais qu’en serrant des dents.

Qu’on soit clair, je n’accepterai jamais la souffrance car avant d’affecter l’humeur, elle est laide et je hais la laideur plus que tout.

Pour supporter la laideur, les religions monothéistes en ont fait un faire-valoir pour l’éternité et le paradis, c’est amusant. Elles ont esthétisé la douleur avec un talent des plus redoutable. Avec l’accident de voiture de Dieu, puis son carambolage et ce ciel devenu muet, la douleur a perdu la plus belle de ses toges. Aujourd’hui, un artiste s’est fait remarquer en fabriquant une « véritable » machine à merde. Amenez vos plats préférés et à la fin du parcours gastrique un bocal au formol attend votre déjection. Made in Belgium.

Où sont les Uccello, Botticelli, Delacroix, Courbet ?

Entoure-toi de laideur et tu auras mal et tu feras le mal ; penses-y…

L’angoisse c’est d’abord cette chose qui est parfaitement réglée, mécanique et qui te fera arriver toujours arriver fatalement en retard fatalement aux rendez-vous cruciaux de ta vie.

Avec une moue sombre, elle te fera comprendre qu’elle n’a pas apprécié et qu’elle va te le faire payer.

C’est ça l’angoisse, vérifier dix fois qu’on a un cœur qui bat, qu’on a une montre à l’heure, pour que tout se dérègle le jour J.

La seule arme qu’on dispose, c’est la désinvolture et la volupté d’agir sans aucune raison, de sourire à une inconnue le dernier jour de sa vie, de faire du n’importe quoi un geste de raison, un geste salvateur, d’affirmer par un acte absurde son attachement à la liberté.

L’angoisse c’est cette chose qui repart toujours trop tôt, c’est une rupture, c’est cela, l’angoisse casse toute relation, l’angoisse te donne cette horrible impression d’être seul et d’avoir capitulé ou de t’être compromis avec tout ce qui nie la Vie ou la justice, (puis-je encore utiliser ce mot aujourd’hui en 2006), d’avoir échoué dans ton désir, ta folle envie de communiquer.

L’angoisse ce n’est pas le désespoir, c’est le pire du désespoir, c’est le cancer du désespoir, des cellules qui ont trop bu de la Vie et pactisé avec le Temps.

La seule question qui devrait occuper les généticiens c’est le tour de force qui tord et torture la pensée. Peut-on maîtriser génétiquement à terme la douleur de l’Homme lorsque sa pensée se met à devenir bancale, asymétrique, difforme, pour tout dire infâme ?

Etrange, non ? Dieu est mort et tout nous dit que le Bien et le Mal n’ont jamais été aussi présents, qu’ils ont pris leur revanche sur leur maître.

Prenez garde, c’est l’heure du Bien et du Mal.

Prenez garde, le Bien et le Mal se vengent. Oubliez les échecs et les dames. Pour le coup, et vous le comprendrez, nous ne sommes que des petits joueurs.

Près de toi, tu brûles. Presque à portée de main, et longtemps après.

Je ne peux plus rien faire. Je peux certes lire mais je ne peux me résoudre à me mettre à lire. Nuance vertigineuse.

Et il y a la pensée qui refait surface : par exemple la pensée du plaisir ; et donc le vide, la frustration, parce qu’il n’y a pas de plaisir, il n’y a que des souvenirs de Souvenirs et des expériences navrantes avec un corps qui évite les fenêtres et sympathise avec les coins.

C’est pour cela qu’il y a la Musique. Elle n’a pas de corps.

Fumer c’est maîtriser l’énergie du Feu jusqu’à ce qu’elle nous maîtrise à son tour et nous fasse disparaître.

Je suis dépressif parce que ça me chante !

©Guillaume HOOGVELD #2006 pour le texte et l
©Guillaume HOOGVELD #2018 pour la photographie