Virage maniaque et mat

Je pose un souci a la machine
Face a Deep Blue Kasparov a crié famine
En plein virage maniaque
Il est resté superbement intact
Il est impossible que l’émotion s’aligne sur des données continues
Comme le ressac de statistiques
Nous n’accepterons plus aucun algorithmes face à nos désenchantements pour solder nos larmes ou soutenir nos joies
Allez vous jeter en mer
À moyen terme nous ne sommes que des pirates ou des dissidents

Les pleurs ou les sourires les éclatants jours n’inspireront jamais vos basses coordonnées
Ou vos composants numériques ou quantiques

Je préfère la roulette russe que passer à travers la moulinette de votre progrès en plexiglas
Ce gouffre de l’histoire qui proposerait un sens en séduisant nos chronologies intimes

Même les murs en machefer ont plus d’émotions que 1000 années de pixels alignés sur un écran bien propre sur lui

Platon nous a déjà appris que seuls dans une caverne nous ne témoignons que devant des artefacts

Même la craie stridente et révolue du professeur semble me donner raison
La seule révolution qui a un prix est intime
Ni dans la rue encore moins dans la casbah des urnes ce souk de papiers recyclables qui nous fait croire à une réinvention de la vie

Il n’ y a de spectacle que dans l’exercice de soi

Je suis heureux et léger en allant me perdre
En face a face dans une sous-préfecture ibérique
J’ai pris un vol en train de partir
Et je me suis laissé transporter
Heureux ravi réconforté a l’idée de lâcher du terrain dans l’oubli des noms sans géolocalisation en croisant les rues sous le pouls du cœur
Aussi anonyme aussi innommable sans perdre la face ni l’usage des mots
Je n’ai rien à scander ni déclarer ni revendiquer
A tous les checkpoints à toutes les lignes ou les frontières à ne pas dépasser corridors escalators pour piétons piétinés par obsolescence de tickets de vies insipides conventionnées en silicone cédant l’esprit à l’usure de la dette qui n’existe que par insolvabilité
capitalisée au formol sous la soupe chronique d’un jeudi noir de 1929

Allons aux sommets !

All0ns aux pics de toutes les espérances
Allons nous jeter sur le soleil
Allons crier contre le ciel
Alléluia ! Personne ne se perdra Alléluia juif zen bouddhiste Alléluia little boy !
Je m’en lave les mains !
Barabas ne sera pas condamné à mort Alléluia !

Vertiginons les vides et donnons du sens aux vallées désertées des anonymes

Soucions-nous des danseuses qui habitent le ciel et sculptent les étoiles
Soucions-nous du moment où le poète et le peintre posent leurs mains sur leurs palettes aux couleurs indélébiles.

GUILLAUME HOOGVELD PAA 2019.